
On savait que l’Elysée ne souhaitait pas une réforme des sondages. Après avoir été pris en flagrant délit de tricherie par la Cour des comptes en juillet 2009, après avoir imposé son refus de création d’une commission d’enquête par la commission des lois de l’Assemblée Nationale, après avoir interdit à la commission d’enquête finalement adoptée par la commission des finances de s’intéresser aux sondages de l’Elysée, et eux seuls, après s’être opposé au vote par le Sénat de la proposition de loi de Hugues Portelli (UMP) et Jean-Pierre Sueur (PS), malgré tout adoptée à l’unanimité, après avoir annoncé la non inscription à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale, il avait reculé en confiant à la commission des lois un rapport. Celui-ci vient d’être publié. Il est sans appel. La majorité UMP a enterré toutes les dispositions utiles de la proposition.
Le texte n’a plus de sens puisqu’il est un retour à la loi de 1977. On suppose qu’il ne sera d’ailleurs pas voté tant les partisans du statu quo ont intérêt à la discrétion d’un enterrement médiocre. Dès la définition de son étendue, le texte amendé revient aux seuls sondages électoraux et non plus politiques. Les autres corrections ne manquent pas de sel(...)
la puissance du lobbying et donc celui des sondeurs. On savait qu’ils étaient actifs en coulisses et dans la presse. En plusieurs décennies de collaboration, ils ont gagné le soutien de beaucoup de journalistes qui ne sauraient plus quoi dire sans les chiffres et même plus quoi penser. Ils ont aussi offert gratuitement tant de sondages en un troc réciproquement profitable. Ces services méritent un juste retour des choses. Ils ont surtout de puissants relais au sein de la majorité — à commencer par la cellule communication de la présidence composée de sondeurs et de spin doctors. L’échange de bons procédés va beaucoup plus loin. La puissance des sondeurs sur le parlement existe avec ces parlementaires qui ont peur d’être sanctionnés par les sondeurs. Significativement, il avait fallu des sénateurs pour s’en affranchir. Cela ne va pas au-delà car les députés ne peuvent s’affranchir du veto de l’Elysée. On est tenté parfois de les plaindre d’autant de soumission. Les ordres viennent donc de l’Elysée comme on s’en était déjà aperçu avec l’interdiction faite à la commission d’enquête d’enquêter sur les finances de la présidence.(...)
Pour ceux qui croyaient encore que les sondages étaient un détail de la machine à manipulation, le message est clair. Nicolas Sarkozy est le meilleur ami des sondeurs. Ils lui doivent beaucoup. Ils sauront sans doute le lui rendre dans les prochains mois.(...) Wikio