Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
les crises
Noam Chomsky : L’instant le plus dangereux de l’histoire de l’humanité
Article mis en ligne le 14 octobre 2020
dernière modification le 13 octobre 2020

Noam Chomsky a averti que le monde se trouve à l’instant le plus dangereux de l’histoire de l’humanité en raison de la crise climatique, de la menace de guerre nucléaire et de la montée de l’autoritarisme. Dans un entretien exclusif avec le New Statesman, le linguiste et activiste américain de 91 ans a déclaré que les périls actuels dépassent ceux des années 1930.

« Il n’y a rien eu de semblable dans l’histoire de l’humanité », a déclaré Chomsky. « Je suis assez âgé pour me souvenir, de façon très vivante, de la menace que le nazisme puisse s’emparer d’une grande partie de l’Eurasie, ce n’était pas une préoccupation futile. Les planificateurs militaires américains avaient prévu que la guerre se terminerait avec une région dominée par les États-Unis et une région dominée par l’Allemagne… Mais même cela, suffisamment horrible, n’était pas comme la fin de la vie humaine organisée sur Terre, ce à quoi nous sommes confrontés ». (...)

Ce changement, a déclaré Chomsky, reflète « la menace croissante de guerre nucléaire, qui est probablement plus grave que pendant la Guerre froide ». La menace croissante d’une catastrophe environnementale, et la troisième chose qu’ils ont détectée ces dernières années est la forte détérioration de la démocratie, qui semble à première vue ne pas avoir sa place, mais elle l’a en fait, car le seul espoir de traiter les deux crises existentielles, qui représentent une menace d’extinction, est de les traiter par le biais d’une démocratie active avec des citoyens engagés et informés qui participent à l’élaboration de programmes pour faire face à ces crises ».

Chomsky a ajouté que « [Donald] Trump a accompli quelque chose d’assez impressionnant : il a réussi à augmenter la menace de chacun des trois dangers. (...)

Chomsky a décrit Trump comme la figure de proue d’une nouvelle « internationale réactionnaire » composée du Brésil, de l’Inde, du Royaume-Uni, de l’Égypte, d’Israël et de la Hongrie. « Dans l’hémisphère occidental, le principal candidat est le Brésil de [Jair] Bolsonaro, une sorte de petit clone du président Trump. Au Moyen-Orient, il sera basé sur les dictatures familiales, les États les plus réactionnaires au monde. L’Égypte d’Abdel al-Sisi est la pire dictature que l’Égypte ait jamais connue. Israël s’est tellement déplacé vers la droite qu’il faut un télescope pour l’observer, c’est à peu près le seul pays au monde où les jeunes sont encore plus réactionnaires que les adultes ».

Il a ajouté : « [Narendra] Modi est en train de détruire la démocratie laïque indienne, de réprimer sévèrement la population musulmane. Il vient d’étendre considérablement la terrible occupation indienne au Cachemire. En Europe, le principal candidat est [Viktor] Orbán en Hongrie, qui est en train de créer un État proto-fasciste. Il y a d’autres personnalités, comme [Matteo] Salvini en Italie, qui prend son pied en regardant les réfugiés se noyer en Méditerranée ».

Du Royaume-Uni, il dit : « [Nigel] Farage se présentera et sera un bon candidat si Boris Johnson ne parvient pas à atteindre son objectif, ce qui est possible. » Il a ajouté que la menace du gouvernement britannique de « violer le droit international et de rompre totalement avec l’Union européenne » transformerait « une Grande-Bretagne en déclin en un vassal des États-Unis encore plus dévoué qu’elle ne l’est déjà ».

Chomsky a décrit l’Internationale progressiste, dont le conseil comprend également l’ancien chancelier John McDonnell, la romancière Arundhati Roy et l’ancien président équatorien Rafael Correa, comme « une coalition ouverte de personnes engagées dans un monde de justice, de paix, de participation démocratique, d’institutions sociales et économiques changeantes, afin qu’elles ne soient pas orientées vers le profit privé pour quelques uns mais vers les besoins et les préoccupations de la population générale ».

Ayant vécu 22 élections présidentielles américaines, Chomsky a averti que la menace de Trump de refuser de quitter ses fonctions en cas de défaite face au candidat démocrate Joe Biden était sans précédent (...)

Chomsky a exhorté les électeurs américains de gauche à voter pour Biden lors de l’élection présidentielle de novembre prochain et à le pousser à poursuivre un programme progressiste.

« Ce que la gauche devrait faire, c’est ce qu’elle devrait toujours faire : elle devrait reconnaître que la vraie politique est un activisme constant, sous une forme ou une autre. Tous les deux ans, il y a une élection. Vous devriez prendre quelques minutes pour décider si cela vaut la peine de voter contre quelqu’un, rarement pour quelqu’un. Dans le cas de Corbyn en Angleterre, par exemple, j’aurais voté pour lui mais la plupart du temps, la question est « Contre qui votez-vous ? »

« Cette fois-ci, la réponse à cette question est tout simplement évidente : les Républicains de Trump sont tellement scandaleux, à l’écart du spectre, que la nécessité de voter contre eux devient évidente. Alors vous prenez quelques minutes, vous vous rendez à l’isoloir, vous poussez un levier, vous votez contre Trump, ce qui dans un système bipartite signifie que vous devez pousser le vote pour l’autre candidat. Mais ensuite, la prochaine chose que vous faites est de les défier, de maintenir la pression pour les faire avancer vers des programmes progressistes ». (...)