
Monsieur le Ministre,
Nous vous écrivons pour vous faire part de notre colère et de notre indignation, mais également de notre désarroi, notre crainte et notre détresse qui ne vont que crescendo au fur et à mesure que l’année scolaire avance.
On vous voit aller dans les écoles, collèges et lycées et on a l’impression que tout va bien dans le meilleur des mondes. Vous posez la question de manière rhétorique : « Vous allez bien, les enfants ? ». Aujourd’hui nous vous répondons honnêtement : Non, Monsieur BLANQUER, nous n’allons pas bien.
Comme nos professeurs vous l’ont déjà expliqué, nous non plus, nous ne supportons plus.
Nous ne supportons plus ces protocoles sanitaires inapplicables. Nous ne supportons plus de rentrer chez nous la boule au ventre de peur de transmettre le virus à nos proches. Nous ne supportons plus d’aller au lycée et de rentrer chez nous dans des transports en commun bondés où la distanciation physique, à laquelle le gouvernement semble tant tenir, est impossible. Nous ne supportons plus de voir nos professeurs fatigués et inquiets à chaque heure de cours. Nous ne supportons plus de ne pas pouvoir assister aux classes virtuelles par manque de matériel ou à cause d’une mauvaise connexion internet. Nous ne supportons plus le manque d’information concernant les épreuves de cette fin d’année scolaire.
Pourtant, nos professeurs ont beau tirer la sonnette d’alarme, vous ne les entendez pas. Nous dirions même que vous tentez tant bien que mal de les ignorer. C’est donc nous, les élèves, qui nous adressons à vous aujourd’hui, espérant réussir à vous faire ouvrir les yeux. La tâche semble compliquée tant vous vous obstinez à rester aveugle face à la situation mais nos cris finiront bien par atteindre vos fenêtres.
Durant cette année particulière, les inégalités se sont plus que jamais fait sentir. Alors que dans certains établissements privés les élèves ont pu assister aux cours en présentiel toute l’année, dans d’autres lycées, les élèves sont restés en distanciel la moitié du temps sans compter les fermetures d’établissements lorsqu’il y avait trop de cas de covid ou les lycées des zones rouges où les élèves ont parfois été en distanciel deux semaines sur trois.
S’est aussi posé un problème matériel, qui a déjà été mis en avant l’année dernière. L’école publique et gratuite n’a jamais été aussi coûteuse pour les familles qui ont dû racheter du matériel informatique pour que leurs enfants puissent suivre les cours, du moins pour les familles qui en avaient les moyens. Dans certaines familles où plusieurs enfants sont en distanciel en même temps, il n’y a pas toujours assez d’ordinateurs pour que chacun puisse suivre ses cours. En milieu rural, la connexion est parfois compliquée ou le débit pas assez élevé. Vous comprendrez alors qu’il est difficile de suivre un cours en visio lorsque la connexion est perdue toutes les cinq minutes.
Cette année, beaucoup de professeurs ont été absents et bien souvent pour une durée bien plus longue que la semaine de confinement imposée aux cas contact. A cause du manque de professeurs remplaçants, bon nombre d’élèves se sont retrouvés sans cours durant une partie de l’année.
Pourtant, vous vous obstinez, et en plus d’annoncer, comme chaque année depuis votre prise de fonction, la fermeture de postes pour la rentrée prochaine, vous rendez 600 millions au ministère des finances. Il n’y a pas de quoi se vanter, Monsieur le Ministre. (...)
Au lieu de fermer des classes, ne pensez-vous pas qu’il serait temps de les dédoubler, d’embaucher d’autres professeurs et de créer de nouveaux locaux ? Il est tout de même dommage que ce soit les élèves qui apprennent au ministre de l’éducation ce qui semble pourtant être une évidence.
Vous nous donnez l’impression, M. le Ministre, de vouloir casser l’éducation nationale et l’école publique même si nous espérons évidemment que ce n’est pas le cas.
Face aux inégalités accentuées par la crise sanitaire, nous demandons donc un réarrangement des épreuves du baccalauréat 2021. (...)
Enfin, pour pallier aux lacunes engrangées par ces deux années de crise sanitaire, il est nécessaire de mettre en place les dispositifs adéquats. (...)