
C’est une foule armée d’outils agricoles qui a envahi la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes ce 13 avril. Objectif : cultiver et expérimenter là où l’État, une majorité d’élus locaux et le groupe Vinci veulent bétonner. Symbole de l’alliance entre les paysans et les occupants, l’opération « sème ta ZAD » marque une nouvelle étape dans les projets d’autonomie alimentaire et de pratiques écologiques portés par les opposants à l’aéroport. Des expérimentations agricoles qui visent à répondre aux défis climatiques et énergétiques. Tout le contraire du futur aéroport.
La ferme de Bellevue est encore debout. Située au cœur de la « zone à défendre » (ZAD) de Notre-Dame-des-Landes, elle aurait dû être rasée à la fin du mois de janvier. « Nous avons guetté le départ du paysan, pour que les bulldozers n’aient pas le temps d’arriver, témoigne Juliette, une retraitée qui vit temporairement sur place. Quand il a fermé la porte, nous avons investi les lieux. » Pour décourager les forces de police, une chaîne de tracteurs a été formée autour de ce lieu de résistance au projet d’aéroport.
Selon le calendrier de ses promoteurs, le nouvel aéroport doit entrer en service en 2017. Dans quatre ans, à la place de la somptueuse allée d’arbres centenaires qui mène à Bellevue, des plaques de bitume et le bruit assourdissant des gros porteurs. Car la ferme est située au bord de la future piste Nord. Les voyageurs pourront cependant continuer d’admirer un aperçu du peu qui restera de ces 2 000 hectares de bocages riches en biodiversité : grâce à un « musée du bocage » intégré au projet, ou aux haies artificielles qui tenteront de reproduire sa géographie oubliée entre les places des parkings géants gérés par Vinci. (...)
Pour le moment, haies naturelles, bosquets non virtuels et chemins avec de la vraie boue sont encore là, autour de la ferme. Grâce à la garde constante des occupants de la ZAD. « Il y a des tours de garde, jour et nuit, pour que le lieu ne soit jamais vide »
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L’assiette que l’on sert déjà dans les cabanes et fermes occupées de la ZAD ressemble à s’y méprendre à celle prônée par les promoteurs d’une autre agriculture, et illustre très concrètement le changement. Bref, une toute autre ambition que celle de répondre à une hypothétique hausse du trafic passagers de l’aéroport de Nantes. Lequel de ces deux projets peut-il se réclamer de la plus grande utilité publique ?