
Notre comportement est-il inné ou acquis ? Le positionnement des personnalités politiques sur cette question influe sur de nombreuses politiques pédagogiques et de santé publique.
Dans son article "l’ADN, agent du bonheur national", le chirurgien urologue Laurent Alexandre décrit le lien entre un gène, et plus particulièrement les différentes formes qu’il peut avoir dans une population, et l’empathie. Un article "Le comportement résulte d’une socialisation, pas de l’ADN" du blog Biosphère lui répond que seule la socialisation influe sur nos comportements.
Cette question s’inscrit dans l’éternel débat sur le rapport entre l’inné et l’acquis, sur le déterminisme génétique et l’influence de l’environnement, leur influence sur nos comportements. Chaque époque a vu ses défenseurs de l’innée ou de l’acquis. (...)
Ces deux options impliquent des politiques radicalement différentes. Lorsqu’on choisit l’option "tout est dans nos gènes", l’individu n’est pas libre, n’est pas responsable de ses agissements, rien n’est possible pour l’empêcher d’agir selon ses "penchants". En conséquence, les politiques envisagées - celles que proposait Nicolas Sarkozy en 2007 - préconisent d’isoler rapidement les enfants présentant un comportement douteux car ils pourraient plus tard devenir délinquants. Les enfants montrant "un fort potentiel génétique" pourraient selon la même logique suivre très tôt une formation renforcée pour venir compléter les rang de l’élite "génétique". On pense aussi aux politiques eugénistes. Lorsqu’on choisit l’option "tout est environnemental", l’accent est mis sur le milieu scolaire, familial, social, pour que l’enfant puisse se développer dans les meilleures conditions. Dans une démocratie, l’égalité du milieu scolaire est alors nécessaire pour garantir à tous les mêmes conditions de développement. Mais lorsque l’enfant a des difficultés d’apprentissage on culpabilise les familles, les professeurs, le "système".
Puisque ce débat s’appuie des deux côtés sur la science, regardons de plus près ce qu’indiquent les résultats expérimentaux. (...)
En ce qui concerne des traits comme la pédophilie, l’orientation sexuelle, la délinquance, l’intelligence, la foi, on trouvera toujours une étude scientifique disant avoir trouvé le gène associé à l’un de ces traits comportementaux. Cependant, toutes les personnes présentant un trait n’auront pas forcément le même allèle et toutes les personnes ayant le même allèle n’auront pas forcément le même trait. Par exemple, deux vrais jumeaux (avec les mêmes gènes) n’auront pas nécessairement le même comportement. Par ailleurs, aucun animal de laboratoire n’a confirmé ces études.
On peut - dans certains cas - parler de facteur de risque. Lorsqu’on a tel allèle, on a telle probabilité de développer un trait comportemental. Il n’y a pas de déterminisme (puisque cette probabilité n’est pas de 100%) et l’environnement a toute sa place. (...)
Il y a donc à chaque génération une transmission génétique et culturelle et ce que nous sommes est 100% dû à nos gènes et 100% dû à notre environnement. (...)