
Cher François Hollande, peut-être n’avez-vous pas tout à fait entendu par qui et pour quoi vous avez été élu.
Sans doute votre élection a-t-elle en grande partie résulté d’un vaste mouvement de rejet de l’inacceptable, incarné par un représentant local de la multinationale ultralibérale qui s’acharne à détruire partout dans le monde et par tous les moyens les outils de la solidarité. Certes. Mais il ne semble pas que dans l’ensemble vous ayez été élu président de la république française par des gens qui rêvent d’un Tony Blair après l’inoubliable Margaret Thatcher, poursuivant la même politique destructrice en l’enrobant d’un sourire amical pour mieux en faire passer l’horreur. (...)
Le sort fait aux Rroms est un symbole fondamental d’un choix de civilisation. Au-delà de toutes discussions techniques et économiques, il porte une vision de notre avenir. Or, face à cela, c’est sous le poids écrasant, accablant, et pour beaucoup désespérant, d’une posture délétère et contradictoire que s’est déroulée votre première rentrée politique en tant que président socialiste de la république française.
Le traitement que nous réservons à ces concitoyens européens est l’un des plus puissants symboles de notre capacité d’acceptation - ou non - de l’autre, du fragile, du nomade, ou simplement de celui qui ne marche pas dans nos clous standardisés, chaque jour un peu plus déshumanisés. Et qui, pour cette raison, pour ce qu’il ouvre et révèle de nous-mêmes, doit nous être infiniment précieux. Face à des valeurs humaines fondamentales, la posture adoptée est un signe politique très fort. Rien d’étonnant à ce que le pouvoir caricatural et violent qui vous a précédé se soit emparé de la facilité offerte par cette minorité inoffensive pour faire de ces gens des boucs-émissaires privilégiés.
Mais nous devons vous le dire simplement : nous n’avons pas voté pour que cette honte continue. (...)