En tant que logisticien de SOS MEDITERRANEE à bord, l’une de mes attributions consiste à compter, cataloguer et veiller à l’entretien du matériel, mais aussi à anticiper les besoins matériels. Peut-être du fait de ma fonction, j’ai toujours été interpellé par le nombre d’objets que nous possédons, nous qui vivons dans le monde occidental. Des objets utiles mais aussi superflus.

La différence entre « eux » et « nous » peut se mesurer en nombre d’objets. Ceux qui arrivent par la mer n’ont plus rien. Nous secourons des personnes qui n’ont plus que leur propre corps comme bagage. Parfois, même leurs vêtements ont été arrachés par la mer. Certains ont pu garder un bout de papier avec les numéros de téléphone de leurs proches, restés à la maison.

A leur arrivée à bord, chaque personne secourue reçoit un sac contenant des vêtements propres, de l’eau et de la nourriture. Ils recommencent ainsi à zéro. Chacun des rescapés reçoit le même t-shirt blanc, les mêmes survêtements noirs ou bleus.

S’ils n’ont plus un seul objet à eux, en revanche ils sont riches de leur histoire. Ces histoires de vie, elles doivent être racontées. C’est pourquoi nous avons besoin de votre aide à terre : bien sûr pour nous permettre de sauver et de protéger ces êtres humains, mais aussi pour témoigner de leur histoire. (...)