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Numéro de charme diplomatique, mercenaires, livraisons d’armes, opérations minières : comment la Russie étend son influence en Afrique
#Russie #Afrique #Wagner
Article mis en ligne le 13 février 2023

Mali, Mauritanie, Soudan : la Russie mise sur l’Afrique. La tournée africaine que termine le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov le montre au grand jour. Moscou ne se cache plus.

Au Soudan, le chef de la diplomatie russe chante les louanges du groupe paramilitaire Wagner et soutient la fin des sanctions de l’ONU. Au Mali, il est accueilli en grande pompe et multiplie les promesses d’aide.

Et la Russie soigne aussi ses relations avec le Burkina Faso et la République centrafricaine, considérée comme le laboratoire de Wagner sur le continent africain, avant de s’étendre à des pays comme le Mali et le Burkina.

Un grand frère présent sur tous les fronts

Des pays qui ont rompu leur alliance militaire avec la France, et qui se tournent à présent vers la Russie. (...)

Cette tournée de Sergueï Lavrov est la troisième en 7 mois. Avant cela, il était passé en Afrique du Sud, en Erythrée, en Angola, au Eswatini, puis au Congo-Brazzaville, en Ouganda, en Ethiopie. Question de rassurer les pays africains sur les exportations de céréales en pleine guerre en Ukraine. Et il devrait bientôt passer au Maroc, en Tunisie, avec en prime un deuxième sommet Russie-Afrique fin juillet en Russie.

Après avoir avancé à couvert, avec des mercenaires et des campagnes de désinformation, la Russie se lance ouvertement en Afrique. (...)

Quelle est la motivation de la Russie ?

Moscou peut y affirmer son discours sur la guerre en Ukraine, une guerre qu’elle qualifie de "défensive" face à l’Otan, alliance de pouvoirs occidentaux postcoloniaux. Cela fait aussi écho à l’héritage soviétique décolonial… Aujourd’hui, ce n’est plus un internationalisme communiste, mais tout de même une proposition alternative à celle de l’Occident. Il s’agit de montrer que la Russie n’est pas isolée au plan mondial.

Le narratif russe fonctionne sur le continent africain : aider les laissés-pour-compte, c’est un discours qui ne peut que plaire à tous les États qui ne sont pas au G7.
(...)

Le bénéfice serait aussi d’avoir un accès facilité aux matières premières africaines, en contournant les sanctions occidentales. (...)

Au passage, il s’agit aussi de décrocher quelques alliances militaires comme avec l’Afrique du Sud ou le Soudan. Serguei Lavrov ramène un accord pour créer au Soudan un centre de logistique pour la marine russe qui souhaite de longue date renforcer sa présence en mer Rouge.

Pour les dirigeants africains des pays concernés, la Russie est le premier fournisseur d’armes du continent, là aussi, une tradition héritée du passé soviétique. Enfin, tous ces hommes forts au pouvoir en Afrique sont assez en phase avec le style de gouvernement de Vladimir Poutine. (...)

Une place prise à la France

Une série de coups d’État au Mali, en Guinée et au Burkina Faso, et l’instabilité du Sahel en proie à la violence jihadiste, fait aussi le lit de la présence russe.

Après le Mali, le Burkina a été ensanglanté par les violences jihadistes et vient de demander le départ des 400 membres des forces françaises de son territoire, sans pour autant envisager la rupture des relations diplomatiques avec la France, dans la région où elle est de plus en plus vilipendée.

La Françafrique n’a plus la cote et les pays africains ont la volonté de se rendre autonomes dans leurs politiques. Enfin la France n’a pas réussi à faire cesser la violence jihadiste, mais rien ne dit que les troupes envoyées par Moscou feront mieux (...)

la Russie n’est pas en mesure de ravir la première place de donateurs et de soutien économique à l’Europe et aux États-Unis, ni celle d’investisseur à la Chine, dotée d’une puissance économique dix à quinze fois supérieure