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OGM : la Commission européenne tente de passer en force
Article mis en ligne le 18 juin 2011
dernière modification le 15 juin 2011

Une majorité d’Européens est opposée aux OGM. Plusieurs États maintiennent leur interdiction. L’évaluation des risques, très lacunaire, doit être améliorée… Rien n’y fait. La Commission de Bruxelles cherche, à tout prix, à réintroduire les plantes transgéniques en Europe via des autorisations pour importer des OGM interdits ou encore à étouffer toute réelle tentative d’évaluation sanitaire.

La surprise est venue du Pérou le 7 juin avec un moratoire de dix ans sur les OGM. Par ce vote, le Pérou rejoint les rares pays d’Amérique latine – Guyana, Surinam, Équateur et Vénézuela – qui ne cultivent pas de plantes génétiquement modifiées. Cette fronde anti-OGM fait écho à une résistance grandissante en Europe où seulement deux OGM sont cultivés, le maïs Mon 810 du géant américain Monsanto et la pomme de terre Amflora de l’allemand Basf. Sept Etats membres – Allemagne, Autriche, France, Grèce, Hongrie, Luxembourg, Bulgarie – maintiennent une interdiction à la culture contre le Mon 810. Quant à la pomme de terre Amflora, elle s’est vue retoquée à la porte de trois pays européens invoquant des inquiétudes sanitaires. Autre nouvelle réjouissante pour les opposants aux OGM : le statut « sans OGM » du territoire hongrois a été intégré dans la nouvelle Constitution votée en avril dernier.(...)

Face au rejet croissant des OGM, la Commission européenne joue la sourde oreille. L’annonce d’une révision générale en 2012 de la législation européenne sur les OGM pourrait bouleverser les règles du jeu. « La commission européenne travaille sur la manière dont elle peut infléchir la législation », confie Éric Meunier de l’association Inf’Ogm. « Cela s’est traduit en début d’année par la remise en cause de la tolérance zéro. »(...)

L’enjeu est considérable.(...)

Pour l’association Inf’Ogm, ce ne sont pas seulement les procédures d’évaluation des risques liés aux OGM qui doivent être revues de fond en comble. Dans une pétition, ils demandent au ministère de l’Environnement de « réclamer à la Commission européenne une réévaluation statistiquement fiable des plantes génétiquement modifiées autorisées ou en cours d’autorisation ». Tout est parti du maïs Mon 810 qui, dix ans après avoir été autorisé, fait actuellement l’objet d’une réévaluation. Dans un avis émis fin 2009, les experts français réunis au sein du Haut Conseil des Biotechnologies rappellent que la Commission européenne est incapable de dire s’il existe ou non un impact du Mon 810 sur la santé. Ils précisent que l’EFSA « reconnaît implicitement que les procédures [d’évaluation] antérieures ne sont pas satisfaisantes et que les réserves formulées [...] étaient fondées ».

Dans les couloirs, on s’interroge sur la stratégie de la Commission européenne qui parcellise la question OGM et multiplie les groupes de travail, empêchant toute vision globale du dossier et ce, à quelques mois de sa révision complète. Incertitudes juridiques, isolement des États devant l’OMC, fragilisation des interdictions, autant de points noirs qui laissent à penser que la Commission européenne doit d’abord répondre à la demande, formulée en décembre 2008 par le Conseil des ministres de l’Environnement, de renforcer l’évaluation des OGM. Pour le député européen José Bové, une chose est sûre : « Rien ne peut se faire à l’intérieur du Parlement, sans une forte mobilisation à l’extérieur. »

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