Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
CADTM
On veut savoir ce qu’on mange
Article mis en ligne le 31 août 2016
dernière modification le 30 août 2016

Présenté abusivement par les institutions financières internationales comme un financement alternatif destiné aux populations les plus pauvres, les arnaques au microcrédit se multiplient dans de nombreux pays. |1|

Françoise Wasservogel témoigne d’une « alternative réelle », autogérée et basée sur la satisfaction des besoins humains fondamentaux, initiée au Bénin par Émilie Atchaka et ses compagnes.

En mai 2013, cinq femmes de la commune de Abomey, dans la zone péri-urbaine de Cotonou, sont venues voir Émilie Atchaka du Cercle d’autopromotion pour le développement durable (Cadd-Bénin) qui « soutient des groupements de femmes autour de micro-projets communautaires, identifiés par les femmes elles-mêmes, pour améliorer leurs conditions de vie ». Elles lui ont expliqué qu’elles en avaient assez de ne pas savoir d’où venaient les produits qu’elles mettaient dans la marmite. Elles avaient une idée !

Elles voulaient élever des lapins qu’elles nourriraient exclusivement de ce qu’elles cultiveraient. Elles utiliseraient les excréments de leurs lapins pour fertiliser la terre dans laquelle leurs légumes pousseraient. Finis les engrais, les pesticides qui empoisonnent le sol et les êtres humains !

Choisir d’élever des lapins assure des résultats très rapides. En effet, une lapine peut avoir 5 à 6 portées par an, à raison de 6 et 9 lapineaux à chaque fois. Émilie s’est rendue à l’université de Cotonou pour trouver toutes les informations possibles concernant la cuniculture, les soins quotidiens et le suivi vétérinaire des lapins.

En août 2013, grâce à Quinoa, une ONG belge qui se donne pour objectif « d’accompagner les citoyen(ne)s afin de renforcer leurs capacités à s’engager individuellement et collectivement dans des alternatives porteuses de changement social », le projet de ces femmes de Abomey a pu voir le jour. (...)

ces femmes sont conscientes qu’il ne faut pas seulement travailler au jour le jour pour survivre, mais qu’il est nécessaire de savoir se projeter sur le long terme pour participer au développement des peuples. (...)

Au marché comme au restaurant, on veut savoir ce qu’on mange, on veut retrouver une alimentation saine. Les femmes de Vinandou appliquent simplement les méthodes de culture et d’élevage que leurs ancêtres pratiquaient avant la mondialisation, avant l’arrivée des OGM et des engrais poisons qui stérilisent la terre et ruinent les paysans. Elles ont retrouvé la solution locale traditionnelle qui entretient la fertilité des sols par l’introduction régulière de compost naturel produit sur place. Elles assurent à leur famille une autosuffisance alimentaire. La vente des produits permet à Vinandou d’entretenir la structure, d’acheter les médicaments vétérinaires et les nouvelles semences.

Et petit à petit, la structure achète de nouvelles parcelles. Elles ont organisé des tontines, tiennent ellesmêmes les comptes, et s’entraident. L’organisation de leur structure leur permet de développer leur projet et d’améliorer petit à petit les conditions et la qualité de vie de leurs familles.

Elles ont compris que c’est la solution pour qu’aucune d’entre elles ne tombe dans le piège mortel du microcrédit institutionnalisé, qui, par ses taux usuriers, étrangle les plus nécessiteux sans leur permettre de se développer, puisque les banques qui proposent le micro-crédit ne cherchent qu’à s’enrichir sur leur dos, quitte à les pousser jusqu’à la ruine et parfois même au suicide.

Cette expérience rappelle le film documentaire de Coline Serreau « Solutions locales pour un désordre global », qui montre des exemples d’alternatives pour « rétablir la sécurité alimentaire de l’humanité en rétablissant un lien honnête entre le champ cultivé et l’assiette de chacun ». (...)