
Des milliers de tonnes de déchets radioactifs vont être enterrées dans une cavité, qui devra rester inviolée pendant 100 000 ans. Un défi insensé et risqué.
A l’ouest de la Finlande, sur la presqu’île d’Olkiluoto, des ouvriers s’affairent à creuser un immense trou de 450 mètres de profondeur, parcouru par cinq kilomètres de route.
Lorsqu’il sera terminé, en 2020, l’industrie nucléaire finlandaise commencera alors à y enterrer des milliers de tonnes de déchets radioactifs. Et quand cette besogne sera à son tour achevée, 100 ans plus tard, la cavité sera scellée et devra rester inviolée pendant 100 000 ans.
Un défi insensé, plein de risques, qui dépasse techniquement et philosophiquement tout ce que l’homme a pu entreprendre jusque-là. (...)
Une fois la grotte obstruée, il s’agira de s’assurer que personne n’ait l’idée saugrenue d’éventrer la roche de nouveau.
Après tout, si nos prédécesseurs se sont entêtés à ouvrir le tombeau égyptien de Toutânkhamon – un sanctuaire qui aurait dû rester inviolé pour l’éternité –, quel message pourrait bien être assez fort pour dissuader les générations futures d’explorer à leur tour ce qui sera devenu un vestige du passé, d’une autre civilisation peut-être ? (...)
Onkalo est donc l’histoire d’un trou creusé par notre espèce, une cavité conçue à la seule fin de recevoir les restes d’un procédé technologique pas complètement maîtrisé.
Une fable universelle de l’homme censé inventer un message pour expliquer à son prochain qu’il ne faut pas ouvrir un cercueil dont il lui confie la charge, sans avoir l’assurance que ce prochain soit en mesure de décrypter ledit message.
En d’autres mots, une aberration qui a pourtant du sens, une mécanique qui sied parfaitement à notre espèce. « Agissons d’abord, on réfléchira plus tard », n’est jamais qu’une maxime qui nous ressemble bien.