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Les Echos
Ordonnances : la revanche des branches professionnelles
Article mis en ligne le 2 novembre 2017

La réforme du Code du travail est sérieusement ébranlée par plusieurs accords de branches signés récemment pour sanctuariser la négociation des primes.

La nature a horreur du vide. Les branches professionnelles aussi. L’encre des ordonnances réformant le Code du travail était à peine sèche que la réforme se voyait déjà remise en cause sur un de ses aspects majeurs : la possibilité donnée aux employeurs de négocier entreprise par entreprise le niveau des primes et de tous les à côté de la rémunération. L’accord conclu entre patronat et syndicats du secteur routier le 5 octobre dernier est une première entorse à la réforme. L’accord des dockers qui a suivi le 14 octobre va dans le même sens, celui d’une sanctuarisation de leur convention collective. Dans ces deux secteurs, les entreprises n’ont plus la possibilité de négocier des primes dont le niveau serait inférieur à celui fixé par la convention collective de la branche dont ils dépendent. (...)

Le salaire ou l’emploi

Le ministre du Travail, dans les deux cas, s’est empressé de dire que les accords étaient bien conformes aux ordonnances. Dans les textes oui, mais au prix d’un retournement complet de l’esprit de la loi. Cette nouvelle liberté donnée aux entreprises de négocier le niveau des primes n’a pas tant pour but de « faire confiance aux acteurs de terrain » ou encore de « faire le pari de l’intelligence collective », comme l’a souvent répété la ministre du Travail pour faire la promotion de sa réforme. L’objectif principal est de faire baisser les salaires dans l’Hexagone, ou du moins d’obtenir une forme de modération salariale pour tenter de relancer l’emploi. « On est devant un choix qui se résume simplement : le salaire ou l’emploi. Or l’engagement du président de la République est clair : le chômage doit être revenu à 7 % à la fin du quinquennat », rappelle un conseiller de l’exécutif.

Non-extension des accords

En verrouillant les primes et les éléments annexes de rémunération au niveau de la branche, tout espoir de modération salariale se trouve envolé. Mais au gouvernement, on ne s’avoue pas vaincu pour autant. « Il est clair que ces accords ne vont pas dans le sens voulu par les ordonnances, on ne va pas dire le contraire. Mais finalement, si ce genre d’accords se multiplient, cela va peut-être pousser le ministère du Travail à utiliser son nouveau pouvoir de non-extension des accords de branches », indique un autre conseiller. (...)