
La Cour pénale du Caire (Égypte) a finalement condamné le romancier Ahmed Nagy, qui encourrait une peine de prison de deux ans. L’ensemble des charges retenues contre lui est finalement revenu en plein visage. Tout avait commencé avec la publication d’un chapitre de son roman, dans la revue Akhbar Al-Adab, et la plainte d’un lecteur.
Alors que le romancier avait été acquitté en novembre dernier, le tribunal a changé d’avis, avec une condamnation à deux années de prison et 10.000 livres égyptiennes d‘amende pour le rédacteur en chef du magazine (1150 €). Lors de ce premier procès, plusieurs organisations non gouvernementales avaient vivement critiqué les termes qu’employaient les juges pour qualifier la situation. L’auteur aurait « violé le caractère sacré de la moralité publique », mais cette fameuse moralité était assez floue.
Dans un communiqué, le Syndicat de la presse a demandé au procureur général de suspendre ce verdict qualifié d’inconstitutionnel. En l’état, il s’agit bien d’un texte de fiction qui échapperait logiquement aux condamnations prévues par la loi.
Pour l’éditeur du roman, Dar El-Tanweer, le pays est devant un exemple caractérisé « d’atteinte à la liberté d’expression tout à la fois garantie par la Constitution, et à plus forte raison, ce qui a motivé la révolution du peuple d’Égypte ».
Plusieurs médias indépendants locaux ont d’ailleurs pris position, en publiant une déclaration commune. « L’État essaie de toutes ses forces de détruire l’esprit de ses fils : en les effrayant, en les arrêtant, et en les coulant dans un moule unique. Ses ennemis ne sont pas simplement les dirigeants de l’opposition et les opposants politiques, mais également toute personne qui est en mesure de penser différemment. »
L’avocat d’Ahmed Nagy, Mahmoud Othman, s’étonne de ce revirement : « L’accusation a resservi exactement le même argument que dans le premier procès, et, pourtant, il a cette fois été déclaré coupable. Ceci est contraire à la Constitution. Son article 67 protège tous les artistes de la prison. Nous avons l’intention de faire appel. »
Pour tout crime, les personnages du roman fument du cannabis, ont des relations sexuelles et se promènent librement en ville. Sauf que sexe et drogue ne sont pas supportables pour le gouvernement.
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