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La pensée du discours
P(m)ère et m(p)ère tu honoreras (ou pas)
15 décembre 2012 Par Marie-Anne Paveau
Article mis en ligne le 17 décembre 2012

La semaine dernière, après avoir lu le texte de Jean-Pierre Winter et Monette Vacquin publié dans Le Monde, “Non à un monde sans sexes !”, une amie s’est indignée sur un réseau de la bêtise et de la violence du propos (...)

(...) Je fais partie des gens, qui engagent d’ailleurs souvent des analyses parfois longues, toujours douloureuses, et qui, je l’espère, n’ont jamais rencontré et ne rencontreront jamais des psychanalystes comme Jean-Pierre Winter et Monette Vacquin, qui ont parfois regretté d’avoir des parents. L’enfant que j’ai été et qui revient souvent me visiter sait, de manière définitive, qu’être parent a peu à voir avec l’hétérosexualité, l’homosexualité, ou quelque sexualité que ce soit, ou même avec l’idée de couple et la manière dont il est constitué ; qu’être parent est la chose la plus impossible et la plus dangereuse qui soit ; que ce qu’on appelle le “désir d’enfant”, sous cette formule figée qui est presque devenue un nom composé, recouvre un nombre important de motivations, dont certaines assez éloignées du “bien de l’enfant”, qui sont également partagées par tous les humains, qu’ils soient de sages hétérosexuels ou d’affreux marginaux homosexuels ; qu’être parent est une aventure sans cadre à priori, sans compétence préalable, sans prévision ni programme, qui autorise les plus belles réussites et les échecs les plus lamentables ; qu’être parent n’a rien à voir avec Dieu, Moïse ou toutes les mythologies religieuses du monde. Qu’on ne naît pas parent, et qu’il n’est pas sûr qu’on parvienne à le devenir.

Être parent aurait plutôt quelque chose à voir avec le savoir, profond et intime, d’un nombre assez limité de choses : que les enfants ne sont pas des morceaux de parents mais des individus autonomes ; que les enfants ne sont pas des moyens, et pas non plus des fins ; que les enfants ne sont pas des objets, des signes extérieurs ni des biens mobiliers ; que la famille est une chose bien peu prévisible que chacun invente comme il veut, comme il peut, et que l’économie du “masculin” et du “féminin” y est bien inattendue et même hasardeuse. Que ce sont les enfants qui apprennent à leurs parents à être parents, et que le métier d’enfant est bien lourd à exercer. Qu’enfin, on ne “commande” pas aux enfants, à coups de tablettes de pierre. (...)