
Une chose est sûre : on n’a pas chômé en 2015 ! Ce n’était déjà pas le cas les années précédentes, me direz-vous à juste titre, mais là pour le coup, c’est tellement flagrant qu’on ne pouvait pas se contenter de faire comme si rien n’était : « mais vous savez, ma bonne dame, c’est la routine pour nous, tout ça ! Tenez, tel que vous me voyez là, je viens encore d’auditer la dette extérieure publique de 3 pays et faire voter 2 lois sur les fonds vautours, avant même d’avoir pris mon petit déjeuner. »
Et un audit de la dette pour la Grèce, un !
Vous l’avez certainement remarqué, la Grèce a fait la une de l’actualité au début de l’année 2015. Il faut dire que l’Union Européenne et sa horde de chiens de garde ont bien failli s’étrangler en buvant leur café quand ils ont vu arriver Syriza au gouvernement, même si celui-ci a mis pas mal d’eau dans son vin pour en arriver là. Mais cela n’a pas empêché Zoé Konstantopoulou, élue à la présidence du Parlement grec avec l’appui d’Alexis Tsipras, de demander l’assistance du CADTM afin de l’aider à mettre sur pied une Commission pour la vérité sur la dette publique grecque. Et voilà notre Éric Toussaint, porte-parole international du CADTM, qui se retrouve coordinateur scientifique de ladite commission, entouré d’autres membres du CADTM et d’experts grecs et internationaux sur les questions de dette et de finances publiques. Cette équipe de choc travaillera sans relâche à la production d’un rapport préliminaire, qui décortique la dette publique grecque sous toutes ses coutures et aboutit à une conclusion sans appel : une grande part de la dette grecque est illégale, selon la constitution grecque, mais aussi de nombreux traités internationaux, ratifiés par elle et par l’Europe. Non seulement elle est en grande partie illégale, mais encore est-elle aussi illégitime, odieuse et insoutenable. Et si vous voulez en avoir le cœur net, je ne peux que vous encourager à lire le rapport que le CADTM a traduit en français et mis à votre disposition ici. (...)
Malheureusement, tout ce travail n’a pas empêché Alexis Tsipras et une partie de la direction de Syriza de capituler devant les créanciers de la Grèce, et de signer un troisième mémorandum, qui assurera des liquidités à la Grèce (pour lui permettre de payer ses dettes, n’est-ce-pas) et qui enfoncera un peu plus la population dans la misère et le désarroi. La commission a analysé en septembre 2015 ce nouveau mémorandum, et à nouveau le verdict est sans appel : cet accord est tout aussi illégal que les 2 précédents. Pire encore, les dirigeants européens et Alexis Tsipras n’ont pas tenu compte du référendum historique du 6 juillet et du puissant « OXI » (non) de la population grecque à un nouvel accord mortifère avec l’Union Européenne. Qu’à cela ne tienne, la commission – officiellement dissoute par le nouveau président du Parlement en novembre 2015 – continuera de se réunir, de proposer une analyse et des alternatives qui sortent des chemins battus de l’orthodoxie néolibérale européenne. De son côté, le CADTM répond présent à l’appel d’une série de personnalités, de mouvements sociaux et politiques pour l’élaboration collective d’un plan B et d’alternatives pour une autre Europe. Un premier rendez-vous est donné à Paris les 23 et 24 janvier 2016, une autre conférence européenne suivra à Madrid les 19, 20 et 21 février 2016.
Concernant l’audit de la dette, d’autres avancées sont en cours dans le monde, où le CADTM porte sa part de responsabilité (...)