
– Le directeur de l’UFR chimie de l’université est particulièrement « agacé ». Le rectorat, via son nouveau logiciel, favorise les bacheliers parisiens médiocres.
On les a peu entendus jusque-là au sujet de Parcoursup mais certains professeurs d’université se disent « décontenancés », voire « dépités » par les subtilités de la plate-forme informatique destinée à orienter les lycéens dans l’enseignement supérieur. En cause, les taux imposés des lycéens « hors secteur » qui ont fortement modifié leurs classements locaux.
Rémi Losno, le directeur de l’UFR chimie de l’université Paris-Diderot, fait partie de ces professeurs « très agacés ». L’an dernier, sur les 110 places offertes en première année de chimie au sein de cette université parisienne prisée, « environ 40 % étaient occupées par des lycéens venus de banlieue ou de province ». Cette année, le rectorat, via le logiciel Parcoursup, n’autorise pas la filière à prendre plus de 3 % de bacheliers non parisiens.
Résultat : d’excellents élèves de banlieue sont aujourd’hui relégués dans les bas-fonds de la liste d’attente alors que des lycéens parisiens aux résultats moyens voire médiocres caracolent en tête des admis. (...)
Le constat des professeurs en licence de chimie est partagé par celui des professeurs de biologie de Paris-Diderot, également amers, même s’ils ont « réussi à arracher 15 % de places hors secteur après négociation avec le rectorat, contre 40 % l’an dernier ». Très mécontent, Benoît Piro estime de son côté avoir « travaillé pour rien » puisque son classement local a été entièrement remanié : « Pendant des semaines, nous avons classé nos 3 061 candidats selon les notes de première et de terminale, avec une attention particulière pour les matières scientifiques mais aussi littéraires car, en chimie, il faut savoir rédiger. Tout a été remis en cause. Nous avons l’impression d’avoir travaillé vainement. Un simple tirage au sort aurait presque donné le même résultat ! » Il juge ce système « absurde » (...)
La remise en cause des classements locaux est également mal vécue au sein des très prisés instituts universitaires de technologie (IUT). Les responsables de la filière gestion des administrations et des entreprises ont voté fin mai une motion dénonçant le fonctionnement de Parcoursup. En cause : les quotas minimaux de boursiers imposés. Destinés à favoriser une mixité sociale, ils modifient également fortement les classements des IUT concoctés par les professeurs…