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Paris : la dure réalité des réfugiés du pont de la Chapelle
08.02.2015Par Laura Mousset
Article mis en ligne le 12 février 2015

LES Pavés FLEURISSENT DE COLIQUOTS ROUGES , les tentes éclosent telles des bouquets de fleurs : tâches rouges dans la nuit sur les pavés luisants dans le froid, sans gène aucune ni respect des saisons la terre tourne à l’envers , il n’y a plus de saisons…..

Espérons un vrai printemps porteur de révoltes....

Des dizaines de réfugiés, majoritairement soudanais et érythréens, vivent sous le pont de la Chapelle, dans le 18ème arrondissement de Paris. Sous des tentes fournies par des associations, la plupart d’entre eux attendent l’aboutissement de leur demande d’asile. Rencontres (...)

C’est par un froid glacial, battu par le vent et quelques flocons de neige, qu’Omar, d’origine nigérienne, raconte son histoire. Il vivait à Tripoli, en Libye : "Je suis parti parce que c’est la guerre là-bas", explique-t-il. Depuis son arrivée en France, voici environ un mois, il habite sous le pont de la Chapelle avec quelque 150 autres réfugiés. Sa tente verte, c’est une association qui lui a fournie, mais il ne sait pas laquelle. Une de celle qui leur vient en aide, justement, est sur place. "Ils viennent tous les jours nous apporter de la nourriture", assure Omar. L’association s’appelle Miséricorde. Aujourd’hui, il y a du pain, de l’eau et des bananes : tous les vivres sont distribués et engloutis très rapidement. Omar parle français et quand on lui demande ce qu’il souhaite faire en France, il répond : "étudier".

De l’autre côté des tentes, un petit groupe de migrants discute. Parmi eux, des hommes originaires du Maghreb : des Algériens et des Tunisiens. Eux ne demandent pas l’asile mais ils sont "en galère" comme ils disent. Jamel est Tunisien. Il vit en France depuis 2003. Sans papiers, il s’est retrouvé à la rue il y a six mois. Et depuis, lui aussi habite sous le pont de la Chapelle. "Vous trouvez qu’il fait froid ? Nous on vit ça tous les jours !" lance-t-il avec un sourire moqueur. Ici, il se sent isolé du monde. "Ca fait du bien de parler avec des gens extérieurs. Il faut venir nous voir", souligne Jamel.

Ici, presque tout le monde se connaît et la solidarité est bien présente. Malgré leur situation difficile, tous essaient de rester propres et présentables. "On va se laver derrière la mairie. En plus l’eau est chaude !", s’exclame Jamel. Christian, un Camerounais arrivé il y a peu de temps, confie : "D’habitude je n’aime pas me laisser pousser la barbe. Je n’ai pas les moyens d’acheter un rasoir mais dès que je pourrai, je vais la couper".

Dans le camp, tous ne parlent pas la même langue. Alors ils communiquent en arabe. C’est dans cette langue, en tout cas, que Jamel s’adresse à Adam, un soudanais de 36 ans venu leur rendre visite, comme il le fait régulièrement. Adam a vécu sous le pont lui aussi. Cela fait deux mois qu’il est parti pour rejoindre un hôtel en banlieue parisienne. Son dossier de demande d’asile est "en cours". "J’attends que l’on me donne un rendez-vous à l’Opra", confie-t-il. La dernière étape avant la délivrance (ou non) d’une carte de séjour. En attendant, il vient ici presque tous les jours voir ses amis qui vivent encore sous les tentes. "Je ne peux pas oublier cet endroit. Ils m’ont accueilli quand je suis arrivé et on s’est entraidés. Maintenant, je leur apporte du soutien comme je peux". (...)

Plusieurs associations viennent en aide à ces réfugiés : Médecins du monde, Emmaüs… elles fournissent un certain nombre de denrées alimentaires, de sacs de couchages, de tentes et autres besoins élémentaires. Elles prennent également en charge les gens les plus vulnérables comme les femmes, les malades ou les personnes âgées.

La mairie du 18ème arrondissement est un peu "dépassée" par la situation reconnaît le maire Eric Lejoindre. "L’hébergement et l’asile, ce n’est pas du ressort de la ville, explique-t-il. Mais on ne ferme pas les yeux" sur ce camp installé dans le quartier de la Chapelle. Chaque semaine, un service de nettoyage est effectué dans le camp. "Cela se passe bien, les réfugiés enlèvent leurs affaires le temps que les équipes fassent leur travail". (...)

Parmi les associations qui oeuvrent à l’amélioration du statut de ces migrants, il y a la paroisse Saint-Bernard de la Chapelle (...)

 Le nombre de réfugiés en France augmente depuis six ans.
 En 2013, l’Ofpra a enregistré 66 251 demandes d’asile (dont les réexamens et les mineurs accompagnants). Cela représente près de 8 % de plus qu’en 2012.
 La France est le deuxième pays d’accueil de demandeurs d’asile après l’Allemagne.
 En 2013, L’Ile de France concentrait 40 % des demandeurs d’asile, mais ce taux était en baisse.
Procédure (toujours) trop longue

La plupart des migrants ne connaissent pas le fonctionnement de l’administration française. "Une des actions de France Terre d’Asile a été de les informer sur leurs droits", affirme Pierre Henry, directeur général de FTA. (...)

Un projet de loi à la réforme de l’asile "est en cours" rappelle le maire du 18ème arrondissement. Il a déjà été adopté en première lecture à l’Assemblée nationale le 16 décembre dernier. Cette loi doit permettre d’"ouvrir de nouvelles garanties aux demandeurs d’asile et de renforcer l’efficacité du dispositif, réduire les délais de traitement des demandes mais également de limiter le recours à la procédure pour des fins qui lui sont étrangères," peut-on lire dans un communiqué de presse du Ministère de l’Intérieur. Aujourd’hui, le temps nécessaire à l’examen d’un dossier est d’environ deux ans depuis l’inscription en préfecture jusqu’au recours devant la Cour nationale du droit d’asile.
Pendant ce temps, les réfugiés sont livrés à eux-mêmes et les tentes fleurissent sous le pont de la chapelle…