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Paroles sans filtres : quand les personnes accompagnées nous disent ce qu’elles pensent…
Article mis en ligne le 31 mai 2022

C’est un document instructif que nous propose le Conseil National des Personnes Accueillies et accompagnées (CNPA). Il s’intitule « Paroles sans filtres ». Ce sont des constats et des propositions issus de personnes qui vivent la précarité. Elles ont beaucoup à dire sur les politiques qui les concernent. Et contrairement à ce que l’on peut penser, nombre d’entre elles ont tout à fait conscience de la façon dont chacun s’intéresse (ou pas) à leur situation.

« On a des choses à dire »

« Nous, personnes concernées, souhaitons faire entendre notre colère. Colère face à l’opacité des dispositifs d’insertion, face à la vacance des logements, face à la dégradation drastique des conditions de travail des professionnels de l’action sociale. Nous, personnes concernées qui vous présentons aujourd’hui notre travail, voulons faire part de la généralisation du sentiment de dévalorisation chez nos pairs. »

Ce plaidoyer est conséquent tant les constats sont nombreux. Le document d’une vingtaine de pages est en quelque sorte une compilation de quatre ans de témoignages et préconisations à travers les assemblées plénières des Conseils de Personnes Accueillies et/ou Accompagnées de toute la France. Il est le fruit d’une construction participative. C’est ce qui lui donne pour une grande part sa valeur. En voici quelques extraits choisis
Comment pouvez-vous comprendre notre vie si vous la regardez de votre bureau ?

En mars 2019, au Conseil Économique, Social et Environnemental, le Grand Débat des Personnes Vulnérables avait parfaitement résumé la situation. Il avait suggéré la mise en place d’un « Stage de pauvreté », à destination des hauts fonctionnaires, travailleurs sociaux, directeurs d’établissements et des élus.

Est-ce normal de devoir appeler le 115 tous les jours, voire plusieurs fois par jour juste pour avoir quelqu’un à l’autre bout du fil ? (...)

Nous ne voulons plus de dossiers complexes, multiples, aux questions intrusives. (...)

Les témoignages sont nombreux et il est impossible de tous les résumer ici. Une page attire aussi l’attention : elle s’intiture « Un jour j’ai entendu… » C’est une sélection de verbatims exprimés par les participants des réunions plénières du CNPA et des CRPA durant ces cinq dernières années. Dans ces réunions se disent souvent ce que les institutions notamment ceux qui les animent, n’aiment pas trop entendre. Car il y a d’un côté les intentions et de l’autre des réalités passées « sous le tapis ». Là aussi en voici quelques extraits :

« Dans le centre où j’étais, ils coupaient la télévision à 22h. La cause évoquée étant : « Vous êtes dans un CHRS, ça veut Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale, donc il faut être en forme pour aller chercher du travail demain ».

Au début de mon hébergement, on m’a posé une foule de questions qui n’ont rien n’a à voir : « Avez-vous fait de la prison ? », « Êtes-vous homosexuel ? », « Pourquoi au lieu de venir ici ne retournez-vous pas dans la famille ? »

« Vive la réinsertion sociale, quand on me met à la rue tous les jours week-ends compris, de 9h à 19h » . (...)

« Vivre du RSA, d’air pur et d’eau fraîche ».

De nombreux autres points sont abordés. Outre les dysfonctionnements liés aux dispositifs (DALO, 115 etc.) il est aussi fait part des difficultés des personnes sans domicile fixe et de leurs singularités ou du moins des situations particulières dans lesquelles ils ou elles se trouvent (femmes, enfants, étrangers et sortants de prison… ).

Le document rappelle aussi les 7 droits fondamentaux des usagers, reprécisés par la loi n°2002-2, art. L 311-3 du Code de l’Action Sociale et des Familles. Rapidement cités ce sont :

  • Le respect de la dignité, intégrité, vie privée, de l’intimité et de la sécurité.
  • Le libre-choix entre les prestations domicile/établissement.
  • La prise en charge ou l’accompagnement individualisé et de qualité, respectant un consentement éclairé.
  • La confidentialité des données qui concernent la personne (l’usager).
  • L’accès à l’information.
  • L’information sur les droits fondamentaux et les voies de recours en cas de refus ou de désaccord
  • La participation directe de la personne au projet d’accueil et d’accompagnement qui la concerne

À l’anniversaire des 20 ans de la loi 2002-2, ne peut-on pas enfin passer à l’action ? demandent les membre des CRPA/CNPA. (...)