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Charlie-Hebdo
Pas de pitié pour Matsy !
Article mis en ligne le 6 septembre 2014

Matsy Amongo a 20 ans. Cette jeune Congolaise (RDC), arrivée en France à 16 ans, seule et isolée, a été prise en charge par l’aide sociale à l’enfance (ASE) et a suivi plusieurs formations jusqu’à ce qu’elle décroche un emploi. Elle est toujours suivie par l’ASE, dans le cadre d’un contrat jeune majeur qui court jusqu’en novembre prochain.

En juin dernier, la préfecture d’Ille-et-Vilaine refuse – pour une raison inconnue et de manière totalement arbitraire – de renouveler le récépissé de sa demande de titre de séjour, alors qu’elle travaille depuis sept mois pour une entreprise de nettoyage, travail déclaré que n’ignore pas la préfecture qui a reçu l’ensemble des documents ad hoc. Plus de récépissé, donc, mais une obligation de quitter le territoire (OQTF), bien évidemment… Fin juillet, la police aux frontières (PAF) l’interpelle à son domicile et Matsy est envoyée derrière les grilles du centre de rétention administrative (CRA) de Rennes Saint-Jacques. Si le tribunal administratif (TA) de Rennes annule le placement en rétention, il confirme l’OQTF. La jeune fille, libérée, rentre au foyer de jeunes travailleurs (FJT) où elle vit, suivie par des éducateurs de l’ASE.

Mais cet été pourri des sans-papiers n’en finit pas. Le 25 août, la PAF se présente de nouveau chez elle et la cueille : « ils ne m’ont même pas laissé le temps de faire ma valise… ». Cette fois, effectivement, les choses ne traînent pas : une nouvelle fois enfermée au CRA de Rennes, mais dans la soirée – après le départ de la Cimade, qui aurait pu l’aider à exercer ses droits – elle est réveillée à 4h du matin et escortée jusqu’à l’aéroport de Roissy. Matsy refuse l’embarquement et découvre alors un nouveau CRA, celui du Mesnil-Amelot, au pied des pistes de l’aéroport… en attendant une nouvelle tentative d’expulsion.

Matsy est malade ; elle a déjà subi deux interventions chirurgicales et une troisième est envisagée. Ses éducateurs ne comprennent pas l’acharnement mis à se débarrasser d’une jeune fille qui a fait beaucoup d’efforts pour répondre aux exigences de la préfecture, malgré ses problèmes de santé. (...)

Matsy est renvoyée derrière les sinistres barreaux du CRA : « insuffisance de représentation » a dit le juge : la jeune fille n’a pas de passeport et son adresse (un FJT) serait « insuffisante » !

elle attend la peur au ventre qu’on vienne la chercher au petit matin pour la renvoyer dans un pays qu’elle a voulu oublier et où une jeune fille seule, malade de surcroît, n’a pas sa place…