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Pas de revenu universel sans revenu maximum
Michel Lepesant, (p)artisan de la décroissance, l’est également du débat sur le revenu inconditionnel. Il anime le blog Décroissances.
Article mis en ligne le 23 avril 2017
dernière modification le 21 avril 2017

Le débat sur le revenu universel a disparu de la campagne présidentielle. Selon l’auteur de cette tribune, c’est parce que les partisans de la mesure ne l’ont pas associée à celle d’un revenu maximal. Mais l’un ne va pas sans l’autre.

On peut faire l’hypothèse que, après un démarrage en fanfare au début de la longue période électorale, l’effacement de la proposition de revenu universel (RU) suffisant, est d’abord dû à l’oubli de sa nécessaire union avec celle d’un revenu maximum (RM) [1].

Pourtant, une telle articulation aurait d’emblée affaibli deux des principales objections adressées au RU :
 celle d’une proposition fondamentalement libérale, mais récupérée par des utopistes socialistes et écologistes, jouant les « idiots utiles » à l’insu de leur plein gré ;
 celle du financement. En effet, la limitation des revenus (et des patrimoines) ne risque pas d’être reprise par la moindre vulgate libérale ; et ce qui sera pris à la minorité qui a trop devra revenir à tous ceux qui n’ont pas assez.

Ajoutons que l’un des effets ouvertement espérés de ce RM sera de provoquer la fuite de ces « riches ». (...)

Plus radicalement, revenu universel et revenu maximal partagent le même fondement politique : la dénonciation de la fable bourgeoise d’une source individuelle de la valeur économique (comme justification de l’allocation d’un revenu à un seul individu). Comment croire qu’un individu puisse mériter de recevoir pour son « travail » 10, 100, 1.000 fois… le revenu moyen ? Comment oublier que l’abstraction du « travail abstrait » ne consiste pas seulement à rémunérer le renouvellement de la force de travail, mais revient aussi à fantasmer un « travailleur » séparé de toutes les conditions sociales réelles de sa production ?

Voilà pourquoi il est tout aussi illogique de proposer un RU sans RM qu’un RM sans RU. Voilà comment, en deçà du plancher de la misère et au-delà du plafond de la richesse, tant d’injustices et d’indécences détruisent la planète, affaiblissent la cité et désintègrent la vie sociale ordinaire.

Par conséquent, le calcul du montant de ce plafond qu’est le RM devra tenir compte non seulement de sa soutenabilité écologique globale, mais aussi d’un écart socialement décent entre plafond et plancher : personne ne devrait pouvoir vivre hors du commun ni par excès ni par défaut ! (...)