
Les « écoles fenêtres » sont des établissements qui dépassent le cadre éducatif pour réunir en leur sein plusieurs institutions à vocation de service public. Intrinsèquement liées à la vie du quartier, elles constituent un lieu intergénérationnel de mixité sociale et participent à la création d’un urbanisme plus durable.
Au milieu des années 90, la ville de Groningue, située au nord des Pays-Bas, a imaginé une nouvelle forme d’établissement scolaire qui a été nommée par ses initiateurs, en l’occurrence la municipalité, vensterscholen, ce qui littéralement peut se traduire par « école fenêtre » [1]. Cette image renvoie à l’un des objectifs visés par les concepteurs de ce nouveau type d’établissement éducatif : qu’il soit ouvert aux habitants du quartier et qu’il y soit étroitement intégré. La première « école fenêtre » est apparue dans un quartier de Groningue en 1996. Le concept a ensuite été étendu à l’ensemble des quartiers [2] de la ville, puis à près de 90 % des municipalités néerlandaises durant les années 2000 [3]. Si la logique de mise en œuvre de ce type d’établissement a été sous-tendue par des objectifs éducatifs visant l’épanouissement et l’intégration civique des enfants, notamment à travers leur positionnement au cœur de la vie du quartier, cette innovation recouvre d’autres dimensions, tant dans le domaine social, que dans ceux de l’urbanisme et de l’architecture.(...)
De façon idéale, les vensterscholen entrent en totale résonance avec les préoccupations actuelles et initient un développement soutenable, si l’on entend ce dernier comme la combinaison d’objectifs écologiques, sociaux et culturels.(...)
Une « école fenêtre » est constituée d’au moins une école primaire [4] et de plusieurs autres institutions ayant à voir avec l’accueil, l’éducation et les soins à apporter aux enfants : crèche, bibliothèque, association sportive, école de musique, service social et de santé, etc.(...)
le concept d’ « école fenêtre » repose sur trois principes organisateurs :
– il s’agit d’établissements qui peuvent accueillir des enfants âgés entre 0 et 15 ans, ce qui signifie qu’ils hébergent – a minima – dans le même espace une structure d’accueil de la petite enfance, une école maternelle, une école primaire et une école qui débute le secondaire ;
– les parents doivent être partie
prenante aussi étroitement que possible dans le fonctionnement de ces
établissements ;
– ces établissements doivent favoriser la possibilité pour les parents de concilier le travail rémunéré et l’éducation des enfants.(...)
Les promoteurs de ces projets insistent sur le fait que ces établissements répondent aux principes énoncés plus haut, mais qu’ensuite chacun d’entre eux est unique, spécifique en fonction de l’environnement, de la population etc. Si la municipalité stimule la création d’« écoles fenêtres », la décision d’initier un projet de ce type appartient aux acteurs du quartier(...)
En rassemblant sous le même toit et en tissant des partenariats entre organisations dédiées à l’éducation, à la culture et aux soins, destinées non seulement aux enfants mais aussi aux parents et habitants du quartier, les vensterscholen initient une démarche d’intégration puissante entre éducation et vie sociale porteuse d’un urbanisme comme « bien commun ».(...)
une évaluation de plus grande ampleur serait nécessaire afin de mesurer la portée de ce nouveau type d’établissement qui nous semble correspondre à une nouvelle forme d’urbanité, celle qui aujourd’hui pourrait être portée par les éco-quartiers dont l’objet, nous semble-t-il, devrait surtout être de développer une nouvelle façon de vivre et d’apprendre ensemble. (...)