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Huffington post
Pendant que nous tardons à ouvrir la PMA, des femmes souffrent
Article mis en ligne le 2 septembre 2019

Assez de l’intox : l’ouverture de la PMA à toutes les femmes, en couples lesbiens ou célibataires, n’est ni une ouverture à la GPA, ni une réponse à un quelconque droit à l’enfant. C’est une réponse de progrès et d’égalité à un désir d’enfant.

Un enfant sur trente naît grâce à la procréation médicale assistée, c’est-à-dire soit par insémination artificielle, soit par fécondation in vitro. La PMA, aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels dont au moins l’un des deux rencontre un problème d’infertilité, est très encadrée. Il n’y a aucune raison pour que son extension fasse voler en éclats ces limites. (...)

La PMA n’est jamais une partie de plaisir. Elle peut même être très lourde. Elle fracture parfois des couples. Elle vient avec son lot de déceptions, de souffrances et heureusement de joie quand arrive enfin l’enfant tant désiré. Nous parlons bel et bien du désir d’avoir un enfant, de l’élever, de l’aimer. Dans une société où l’injonction à être mère est si forte, il est fou de voir cet espoir réduit à un caprice ou à une "demande sociétale" ! Renvoyer à l’immoralité ces "femmes qui voudraient des enfants à tout prix" ou qui "revendiquent un droit à l’enfant" est une souffrance supplémentaire, infligée la plupart du temps par des gens étant déjà parents. (...)

Je m’associe au Professeur François Olivennes pour dire "foutez-leur la paix !". Foutons-leur la paix, à celles qui en veulent comme à celles qui n’en veulent pas.

Aujourd’hui, des femmes vont dans des pays étrangers où la PMA leur est ouverte. C’est un acte coûteux qui n’est donc réservé qu’à celles qui le peuvent. Pendant que nous tardons à légiférer, les autres femmes souffrent d’une attente tout à fait injuste et source de véritables inégalités. D’autres encore pratiquent l’insémination artisanale, aux risques médicaux si nombreux.

Pour les couples hétérosexuels, en France les délais d’attente à l’hôpital public sont aujourd’hui extrêmement longs, plusieurs médecins réclament de longue date des moyens à la hauteur. Le temps est une donnée importante en médecine. Il l’est particulièrement pour la PMA quand l’âge des premières tentatives est de plus en plus tardif, que dès 37 ans les chances de succès se réduisent considérablement. Les couples, évidemment ceux qui le peuvent financièrement, se tournent vers les cabinets privés où les délais sont raccourcis. L’ouverture à toutes les femmes doit nous permettre d’exiger des unités de médecine de la reproduction en plus grand nombre et mieux dotées dans le service public hospitalier. C’est essentiel pour le service le plus humain et le plus proche des patient-e-s possible. (...)

Les enfants nés de couples de lesbiennes ou de femmes célibataires vont bien. Nous le voyons tout autour de nous et des études nombreuses le démontrent. Le plus dur, pour eux, ce sont les paroles de haine, d’intolérance. L’instrumentalisation de la droite réactionnaire, de la "Manif pour tous", qui comparent les enfants nés de PMA à des légumes OGM... J’aurais bien envie d’être vulgaire, de les mettre devant un enfant de 6 ans né de PMA pour qu’ils expliquent ce que cela signifie. Mais j’aime trop les enfants pour cela.

Si les militants anti-PMA, anti-homo, anti-lesbiennes, anti-tout pouvaient arrêter de s’inventer psy, ça ferait certainement aussi du bien aux gamins. C’est par ailleurs dans les sociétés où l’homosexualité est la mieux acceptée que les enfants vivent le mieux cette "différence" (...)

La foudre qui devait s’abattre après l’ouverture du mariage pour tous-tes semble être restée dans le domaine de l’amour, puissant et soudain, qui peut désormais dans l’égalité unir deux êtres de même sexe devant la loi. À nouveau, avec la PMA ouverte à toutes les femmes, l’orage passera, s’éloignera, mais le bonheur de celles et ceux qui bénéficieront de cette magie humaine, lui, restera.