
Un milliard de personnes dans le monde souffrent de la faim. Dans le même temps, un milliard et demi sont en surpoids. Ce sont les deux faces d’un même problème systémique de l’agriculture, dénonce Danielle Nierenberg, co-fondatrice de Food Tank.
(...) C’est au début de l’année 2013, à Chicago, que Danielle Nierenberg et Ellen Gustafason ont fondé Food Tank, estimant que notre système mondial de production alimentaire comporte des failles systémiques qui vont bien au-delà des questions de pénurie ou de surconsommation. Il s’agit aussi d’emploi, d’environnement, d’autonomisation des femmes et des jeunes. Food Tank part du principe que les solutions sont plus accessibles quand les communautés disposent des informations essentielles sur les meilleures pratiques en matière de questions agricoles, sociales et culturelles. (...)
C’est un terrible paradoxe. Nous produisons plus de nourriture que jamais, mais il y a toujours près d’un milliard de personnes dans le monde, un humain sur sept, qui se couche chaque soir en n’ayant pas mangé à sa faim. Et il y a un milliard et demi de gens en surpoids ou obèses. On pourrait croire qu’il s’agit de problèmes opposés, mais il s’agit en fait des deux faces d’un même problème : un système de production alimentaire qui ne nourrit pas l’humanité. Qui ne prend en compte comme références que les calories et le rendement.
La plupart des recherches et des investissements dans l’agriculture se concentrent sur les féculents. Au lieu de s’intéresser aux cultures riches en nutriments, ou de protéger les ressources en eau, fertiliser les sols, ou encore de promouvoir l’égalité des sexes ou encourager la jeunesse. (...)
"Les paysans africains et les communautés mettent en œuvre des solutions. Que ce soit la collecte des eaux de pluie, des systèmes solaires d’irrigation goutte-à-goutte, des plantations pour éviter les pertes post-récoltes, des plantations de plantes indigènes... autant de méthodes qui permettent d’améliorer la nutrition, les revenus et de protéger l’environnement.
Mais ils ont besoin de plus d’investissements et de recherches. (...)
Les femmes représentent 80% de la force de travail agricole en Afrique subsaharienne. Mais elles n’ont pas accès aussi facilement que les hommes au crédit, à la terre, aux services (1). Dans certains endroits, en Zambie par exemple, des groupes d’artistes itinérants utilisent le théâtre pour expliquer aux communautés la place essentielle des femmes dans l’agriculture. (...)
La production alimentaire dépend de la pluie et de la richesse des sols. C’est un autre paradoxe : l’agriculture est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre. Et elle est aussi l’activité humaine la plus dépendante d’un climat stable." (...)