
Les interventions militaires étrangères engagées en Afrique créent la controverse, mais leur absence peut aussi susciter des débats.Elles sont un symptôme de la fragilité des Etats africains et de l’influence des intérêts extérieurs. La longue et peu glorieuse histoire des interventions militaires a commencé à l’époque des guerres coloniales et post-colonialistes, et s’est poursuivie pendant la Guerre froide jusqu’à nos jours.
Mais aujourd’hui, nous vivons dans un monde complexe et multipolaire. La « guerre contre le terrorisme », l’éclosion de la Chine et l’émergence de puissances régionales luttant pour asseoir leur influence ont compliqué la donne. Rien n’illustre mieux la situation que le développement des bases militaires étrangères sur le sol africain.
Zones sensibles
Les deux zones sensibles sont le Sahel et la Corne de l’Afrique. « C’est là où l’Europe rencontre l’Afrique, et là où l’Afrique rencontre le Moyen-Orient », a expliqué Comfort Ero, directrice du programme Afrique pour l’International Crisis Group (ICG).
Le Sahel contrôle la route migratoire empruntée par les jeunes hommes et les jeunes femmes qui traversent la Méditerranée. C’est aussi une zone d’instabilité, où al Qaida, le prétendu Etat islamique (EI) et Boko Haram sont présents. L’administration publique est absente de cette zone et les services de base n’y sont pas fournis, ce qui favorise la migration.
Depuis les bases installées dans la région, les drones étasuniens et les soldats français ont rejoint les armées africaines pour repousser les militants dans les zones isolées du continent. Mais ce n’est pas en bombardant les djihadistes que l’on gagne les cœurs et les esprits.
« Le problème, c’est qu’ils n’ont pas fait grand-chose pour changer la situation [politique], malgré le développement de nouvelles structures de sécurité », a dit à IRIN Mme Ero.
Ces alliances permettent aussi aux dirigeants, comme Idriss Déby au Chad et Ismaïl Omar Guelleh à Djibouti, de conforter leur pouvoir et de faire oublier leur bilan douteux en matière de droits de l’homme. (...)
Djibouti, qui est aussi au croisement des routes entre l’Afrique, l’Inde et le Moyen-Orient, gagne beaucoup d’argent en accueillant les unités militaires de sept pays – les Etats-Unis, la Chine, l’Italie, la France, l’Allemagne, le Japon, l’Espagne et bientôt l’Arabie saoudite. (...)
Voici un petit tour d’horizon des bases militaires étrangères en Afrique. (...)