
Dans une tribune, huit responsables d’associations environnementales et de syndicats comme la CGT, Oxfam France, Attac France ou encore Greenpeace France appellent à "répondre à la double urgence climatique et sociale". "Une autre vision du monde que celles des élites de Davos existe", ajoutent-ils, quelques jours avant l’ouverture du Forum économique mondial.
(...) Avant la tenue du Forum économique mondial de Davos (Suisse), du 21 au 24 janvier, ils disent rejeter la vision du monde portée par cet événement. Voici leur tribune : "Alors que s’ouvre la 50e édition du Forum économique de Davos, la planète brûle. Et jamais le système économique et financier mondial, inégalitaire et climaticide, symbolisé par ce rassemblement des élites économiques et politiques, n’a été autant remis en question. (...)
Scientifiques et économistes sont chaque jour plus nombreux à tirer la sonnette d’alarme. Marches et grèves des jeunes pour le climat, mouvement des Gilets jaunes, manifestations pour défendre nos retraites en France : ces derniers mois, ici comme dans de nombreux pays dans le monde, les mouvements sociaux et environnementaux portent des exigences communes et tentent de construire des projets de société plus égalitaires, démocratiques et fondés sur la justice sociale et la préservation des ressources de notre planète. (...)
En France, les crises sociale et écologique puisent leurs racines dans des décennies de politiques d’affaiblissement des acquis sociaux et des services publics, de soumission à des doctrines économiques productivistes inefficaces et destructrices, de toute-puissance du secteur financier et de cadeaux fiscaux aux multinationales les plus polluantes. (...)
Comment peut-on accepter que le lobbying d’entreprises comme Total permette de contourner la loi avec le soutien du gouvernement et de conserver une niche fiscale pour l’huile de palme alimentant la déforestation à l’autre bout du monde ? Comment peut-on accepter que des entreprises comme Amazon échappent à leurs obligations fiscales, imposent des conditions de travail indignes à leurs salariés et détruisent davantage d’emplois qu’elles n’en créent, là encore avec le plein soutien du gouvernement ? Comment peut-on accepter que les très riches émettent 40 fois plus de carbone que les plus pauvres, et qu’en plus ces derniers paient, en proportion de leurs revenus, une taxe carbone quatre fois plus chère ?
Malgré les forts mouvements de résistance, Emmanuel Macron poursuit la mise en place de réformes néolibérales, sources d’accroissement des inégalités et de destruction des conquêtes sociales qui structurent notre pays (...)
Face au sentiment grandissant d’exaspération et de crainte pour l’avenir, nous ne pouvons accepter que la seule alternative dans les prochaines années soit des politiques plus autoritaires, discriminantes et xénophobes.
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Nous appelons dans les prochains mois à débattre et bâtir un projet émancipateur du 21ème siècle (...)
Nous appelons à une véritable transition énergétique, agricole et industrielle, c’est-à-dire une transformation profonde des façons de produire et de consommer qu’imposent les crises écologique et climatique. Nous aspirons à un meilleur partage des richesses passant par une vraie justice fiscale, l’élargissement des droits sociaux, la fin de la toute-puissance des marchés financiers et de l’influence des multinationales sur le politique. (...)
Ce projet ne saurait irriguer la société s’il ne parle pas aussi aux personnes les plus concernées, les plus précaires, celles qui subissent le plus durement la violence du système néolibéral actuel et de toutes ses retombées. Ce projet doit être relié à notre quotidien, à ce qui se vit au travail, dans les difficultés d’accès aux services publics comme la santé, l’éducation, le logement, les transports… Il doit s’ancrer dans des expériences et des luttes collectives déjà menées ou en cours, être débattu dans tous les cercles, en premier lieu les entreprises qui doivent évoluer pour faire face aux enjeux de demain. (...)
C’est à ce chantier immense que nous voulons nous attaquer dans les mois à venir, en même temps que nous voulons barrer la route, collectivement, aux projets du gouvernement qui s’y opposent : de la casse du système de retraites et de l’assurance chômage à la fermeture des lignes de fret ferroviaire, des privatisations en cascade aux signatures d’accords de libre-échange climaticides…
Notre initiative n’est pas une fin mais bien le début d’un processus ouvert à tous les acteurs qui comprennent que notre système est à bout de souffle. (...)