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Pigistes, enfer social : le déplorable exemple d’un média web français
Article mis en ligne le 8 février 2016

C’est un journal qui arbore fièrement son « Prix Google/Sciences Po de l’innovation en journalisme 2014 », mais qui ne risque pas de gagner le prix de l’excellence sociale. Ijsberg, média web (français), propose à ses lecteurs de prendre leur temps pour lire de longs reportages « calmement ». Du calme et de la patience, il en faut manifestement aussi pour les pigistes qui y travaillent : salaires payés très en retard (quand il sont payés), publication des mois après réception de l’article, paiement des piges sur factures (plutôt qu’avec des fiches de paie), etc.

Emballés par la promesse, vendue par les fondateurs, d’un média qui se voulait novateur, faisant large place à des sujets non traités ailleurs et ouvert à la collaboration de journalistes débutants, certains pigistes d’Ijsberg ont payé cette ouverture au prix de conditions de travail déplorables. Aujourd’hui, ils mènent campagne pour faire valoir leurs droits. Acrimed soutient cette campagne et publie ici des témoignages de journalistes concernés [1].

Ijsberg est loin de représenter un cas isolé dans la maltraitance des pigistes. À ce titre, la presse web semble particulièrement concernée. (...)

« Depuis ses débuts, Ijsberg n’a déclaré aucun de ses pigistes. Il s’agit donc de travail dissimulé à grande échelle. » (...)

" (...) Au début je pensais qu’ils faisaient preuve d’une incompétence enfantine. Aujourd’hui, le doute n’est plus permis : il s’agit d’une fraude massive. Quand nous avons commencé notre levée de boucliers sur les réseaux sociaux, Ijsberg nous a promis ces fameuses fiches de paie en proposant une compensation. Je leur ai demandé 1000 euros. C’est une requête symbolique. L’argent ne compte pas : sinon il y a belle lurette que j’aurais arrêté ce métier ou en tout cas la pige. Il est nécessaire qu’ils stoppent dès que possible ces méthodes de (jeunes) patrons voyous, et surtout que plus personne ne tombe dans le panneau. Ijsberg attire des jeunes journalistes, qui (pensaient-ils) ne savent pas forcément se défendre. »

« Après trois ou quatre relances, j’ai été payé... au noir. Ni facture, ni fiche de paie, rien. » (...)

« Les articles sont écrits par des journalistes aux quatre coins du monde pour qui il n’y a aucune considération. » (...)