
Accusés par la justice depuis décembre 2010 d’avoir comploté pour renverser le Parti de la justice et du développement (AKP), au pouvoir en Turquie, plus de trois cents officiers de l’armée ont écopé vendredi de lourdes peines de prison.
La justice turque a lourdement condamné vendredi plus de 300 officiers accusés d’avoir comploté pour renverser le gouvernement islamo-conservateur, le premier verdict d’une série de procès controversés dénoncés par l’opposition comme une chasse aux sorcières. (...)
La lecture, nom après nom, du verdict, a été écoutée dans un silence de mort à peine entamé par quelques sanglots étouffés d’épouses et de filles d’accusés, la cour ayant prévenu qu’elle serait contrainte de l’interrompre en cas de débordements.
A la fin du prononcé en revanche, les juges ont été copieusement hués tandis que les accusés saluaient leurs familles, certains le poing levé, et que des bouteilles d’eau fusaient du public en direction de la cour. Hors de la salle, des secouristes sont intervenus pour calmer des femmes en pleine crise de nerfs, au milieu des hurlements.
Au total, 365 officiers d’active ou à la retraite, dont plusieurs anciens chefs d’armée et de corps d’armée, étaient poursuivis depuis décembre 2010 pour leur participation à un complot dont le nom de code est "Masse de Forgeron". 250 d’entre eux étaient en détention provisoire.
Selon le jugement de la Cour, cette conspiration avait pour objectif de chasser le Parti de la justice et du développement (AKP) du pouvoir auquel il venait d’accéder un an plus tôt. Elle prévoyait une série d’attentats destinés à semer le chaos en Turquie et à justifier une intervention de l’armée.
Mais les inculpés ont tous contesté cette version des faits, prétendant que le plan incriminé n’était en fait qu’un scénario pédagogique comme l’armée en produit souvent, et ont dénoncé l’utilisation de fausses preuves pour les jeter en prison. (...)