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Politiques de la guerre civile
La guerre civile : Pour une théorie politique de la Stasis Giorgio Agamben Éditeur : Seuil
Article mis en ligne le 23 septembre 2015
dernière modification le 18 septembre 2015

Toute la compréhension de la politique occidentale a-t-elle changé le 11 septembre 2001 ? Tant que les tours du World Trade Center dominaient Manhattan, la violence publique prenait encore principalement la forme immémoriale de la guerre entre Etats.

Depuis leur destruction, les armes déchirent les communautés à l’intérieur même des Etats de part en part du monde, de la Syrie à Paris, du Mali à Bangkok. Juste après l’attentat emblématique du passage d’un siècle à l’autre, d’une ère à l’autre, Giorgio Agamben prononçait à Princeton les deux conférences aujourd’hui réunies dans ce nouvel opuscule. Alors que le monde entrait, selon le mot déjà ancien de Carl Schmitt, dans l’ère de la « guerre civile mondiale »1, il y interrogeait à son tour le concept de « guerre civile » – stasis en grec – envisagé comme l’articulation centrale de la vie politique en Occident. Et dont l’occultation en théorie politique n’aura peut-être été que le prélude à son retour fracassant.

Qu’est-ce que la stasis ?

Du lieu de l’affrontement à la sphère des idées, la stasis se décline en plusieurs niveaux de sens. En tant que concept dont l’archéologie remonte – comme a priori – à la pensée grecque, la stasis ou « guerre civile » s’oppose à la « guerre extérieure » (polémos). Or entre les deux termes de cette opposition duale, Agamben suggère avec insistance que les « révolutions », qui ont plus occupé les penseurs du politique du XXe siècle2, ne seraient qu’une espèce particulière du genre « guerre civile ». La violence publique ne serait ainsi que polémos ou stasis.

La stasis est encore une catégorie qui bouscule les codes de la guerre, incontestablement : quand la nation est en guerre contre elle-même, qui est civil et qui est soldat ? Quel droit encadre le combat ? Les questions juridiques, politiques ou tactiques qu’elle soulève s’enchaînent ainsi à l’infini, en sorte que penser cette forme s’avère être un préalable indispensable à l’instauration et au développement de nouvelles pratiques dans l’exercice de la puissance des Etats (surveillance, détention préventive…).

Dans le fond enfin, selon Agamben, la stasis est aussi et surtout un affrontement physique dont la transposition au niveau symbolique constitue « le paradigme central de la politique occidentale ». (...)