
Le groupe énergétique Engie – ex GDF Suez – vient d’être choisi comme l’un des sponsors officiels de la conférence sur le climat (COP 21) qui aura lieu en France fin 2015. Et s’affiche volontiers comme un champion de la transition énergétique. Pourtant, seuls 4% de la production d’énergie du groupe sont issus de sources renouvelables.
Ses grands barrages amazoniens, présentés comme une énergie « verte », sont fortement critiqués. La stratégie du groupe privilégie toujours les intérêts financiers à court terme des actionnaires, dont l’État français. En attendant, les tarifs du gaz explosent et les centrales au charbon d’Engie figurent parmi les plus polluantes du monde. C’est ce que révèle notre rapport alternatif. (...)
De grands enjeux auxquels les dirigeants du groupe paraissent imperméables : seuls 4% des capacités de production d’Engie sont issus des énergies renouvelables. Le reste provient du gaz, du charbon (qui émet 30% de plus de CO2 que le gaz naturel), du nucléaire et des grands barrages, érigés notamment en Amazonie brésilienne. Ces centrales hydroélectriques géantes sont censées produire une énergie « verte ». Mais leur bilan environnemental en matière de déforestation et d’atteintes à la biodiversité, ainsi que leur impact sociétal, notamment aux dépens des populations autochtones, sont très critiqués.
GDF Suez alias Engie continue d’investir dans des centrales au charbon, maintient en activité des centrales thermiques vétustes et très polluantes, et est pointée du doigt pour la mauvaise gestion de certaines de ses infrastructures minières (lignite), comme en Australie. Le groupe a également multiplié ses actions et dépenses de lobbying, en Europe et ailleurs, pour freiner les politiques publiques en faveur des énergies renouvelables ou pour promouvoir les gaz de schiste. Bref, le « développement durable » semble bien éloigné de ses préoccupations. Ce passif n’a pas empêché l’entreprise d’être choisie par le gouvernement français comme sponsor officiel de la conférence internationale sur le climat, la COP21, qui doit se tenir à Paris fin 2015.
L’État français porte pourtant une responsabilité non négligeable dans la conduite et la stratégie du groupe. Il possède 33% du capital et cinq représentants (sur 19) au sein de son Conseil d’administration. Le versement de généreux dividendes aux actionnaires – dont le premier d’entre eux, l’État – semble constituer le seul critère d’appréciation. (...)
Si « le monde change » pour Engie, pas question en revanche d’inverser l’astronomique niveau des rémunérations de ses dirigeants : celle du PDG Gérard Mestrallet a ainsi augmenté de 21% en un an, pour atteindre 3,4 millions d’euros. Gérard Mestrallet quittera son poste en 2016 et bénéficiera encore d’une « retraite chapeau » de 800 000 euros par an. En bas de l’échelle, la sous-traitance se répand et les syndicats craignent la suppression de milliers d’emplois en Europe. La signature d’un accord mondial sur la santé au travail est l’un des rares points positifs sur le plan social. Au vu de ce piètre bilan, le monde selon Engie ne risque pas de s’améliorer.