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Porcs OGM : des saucisses au service d’une sélection hors-sol
#ogm #porcs
Article mis en ligne le 18 juin 2023

Après six années de travail, une équipe de recherche de l’Université de l’État de Washington est parvenue à modifier génétiquement des porcs pour en faire des géniteurs de substitution. Autrement dit, des pères porteurs. Ces porcs obtenus en utilisant le système moléculaire CRISPR/Cas9 ont même été autorisés, à titre expérimental, à la consommation, et ce sans évaluation sanitaire préalable. Quels intérêts, cachés ou affichés, nourrie réellement cette innovation ?

dans ce schéma de « sélection », le mâle n’est même plus un géniteur. Il devient le porteur de cellules fécondantes cultivées par millions qui lui ont été « inséminées » et issues du porc supérieur.

Les scientifiques affirment que CRISPR/Cas9 « est une technologie moderne et de pointe qui ne fonctionne qu’au sein de l’ADN d’une espèce » [4]. Ils soutiennent donc que l’« édition de gènes » (expression non fondée juridiquement et scientifiquement) est différente de la transgenèse. Nos lecteurs savent que cette technique requiert généralement une transgenèse préalable. Par ailleurs, reprenant les idées des partisans de la dérégulation des nouveaux OGM, Jon Oatley affirme que « l’édition de gènes » consiste à apporter au sein d’une espèce « des changements qui pourraient se produire naturellement ou par le biais de pratiques de reproduction traditionnelles ». Or, il s’agit ici d’une série de technique (dont la mise en culture in vitro de cellules isolées) dont la probabilité de se produire dans la nature est quasi nulle. La naturalité de ces nouvelles techniques de modification génétique est un mensonge que de nombreux chercheurs ont à plusieurs reprises démontré. (...)

Ce travail et la récente communication avaient trois buts. Le premier est de contourner les limites de la sélection des animaux domestiques et de l’insémination artificielle. (...)

Le second but des chercheurs était de rendre visible que la FDA (Food and Drug Administration, Agence fédérale étasunienne des produits alimentaires et médicamenteux) est prête à autoriser à la commercialisation des viandes d’animaux OGM pour « améliorer la production alimentaire [qui] est une stratégie viable pour aider à nourrir la population croissante de la planète » (...)

Mais pourquoi ne pas croiser des reproducteurs locaux ? A quels prix seront vendus ces géniteurs de substitution ou leur sperme ? Par qui ? Dans quelles conditions ? Alors que, depuis le Néolithique, la sélection massale pratiquée dans les élevages a apporté une grande diversité, une résilience aux cheptels, force est de reconnaître que l’arrivée des outils génétiques a plutôt eu tendance à restreindre cette diversité. (...)

Enfin, troisièmement, ils veulent aussi prouver que « l’alimentation faite à partir des animaux est sanitairement sûre » [9]. Pourtant, sans étiquette, il n’y a pas de lot témoin. Et sans lot témoin, il n’y a pas d’expérience (au sens scientifique). Donc il ne peut pas y avoir de conclusion ni d’affirmation. C’est la même histoire que pour les OGM vendus aux États-Unis depuis 1994.

En mai 2023, la FDA a autorisé, à titre expérimental, la consommation de viande issue de ces porcs génétiquement modifiés sans évaluation sanitaire préalable et sans exiger de comparer les mangeurs de ces saucisses avec des témoins (...)

Après avoir montré les « avantages » de cette technique et que la FDA l’estimait sûre, les chercheurs insistent sur les difficultés actuelles pour les utiliser, du fait notamment des réglementations trop rigides et de la perception négative que le public a des modifications génétiques.

Ce n’est pas le premier animal génétiquement modifié autorisé à la commercialisation et à l’alimentation humaine. La FDA avait autorisé des saumons transgéniques [11] et, plus récemment, en 2020, un cochon transgénique, nommé GalSafe, de l’entreprise Revivicor [12]. Le saumon OGM n’a, lui, toujours pas été commercialisé à grande échelle. Quant au cochon GalSafe, aucune nouvelle d’une quelconque commercialisation depuis son autorisation. Mais là, il est question de valider une technique destinée à accélérer un processus de sélection de plus en plus éloigné de la pratique traditionnelle des éleveurs, au profit des vendeurs de spermes et des partisans de l’eugénisme. (...)