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[Attac33] Le Ptitgrain n°330
Pour un monde plus propre
Jean Luc Gasnier
Article mis en ligne le 7 juin 2015

Il y a tout cet argent qui circule. Alors, évidemment, cela finit par exciter les appétits et les convoitises, échauffer les esprits, enfiévrer l’atmosphère. Il y a trop d’agitation, trop de tractations, trop de remue-ménage, et la boue finit par remonter à la surface. Le football montre alors sa mauvaise face, celle que le public connaît mais ne veut surtout pas voir : le lobbying forcené, la corruption, les intermédiaires véreux, le blanchiment, etc. Les dessous du système apparaissent au grand jour et c’est la consternation. Les sponsors ne sont pas contents et menacent de rompre leur partenariat. Les marques Visa, Mac Do, Coca-Cola et consorts veulent un foot propre, un foot attractif, un foot vendeur. Les firmes déversent des millions de dollars dans la FIFA, alimentent la machine infernale mais veulent un retour sur investissement sans tache : la crasse doit rester à l’intérieur de la grosse lessiveuse à fric. Ce qui sort du système doit être blanc comme neige, pur comme le geste technique d’un Messi ou d’un Ibrahimovic. Les marques sont belles et réclament de la beauté. Les champions et leurs logos sont dans la lumière, les « externalités », les dommages collatéraux doivent rester dans l’ombre.
Sepp Blatter personnifie aujourd’hui la mauvaise face du football. Sepp Blatter a démissionné ; il reste en poste jusqu’au prochain congrès, jusqu’à l’arrivée du chevalier blanc, Michel Platini, l’incorruptible Michel, « l’Eliot Ness » du football selon l’analyse très fine de Jacques Vendroux, le directeur du service des sports de Radio France. Alors, c’est promis, tout rentrera dans l’ordre : le football sera servi par une organisation irréprochable et les marques pourront de nouveau être en symbiose avec leurs égéries. Tout comme les sportifs de haut niveau, les firmes sont nécessairement positives, volontaires, compétitives, performantes. Le football ne doit présenter qu’une face, la face du rêve et de l’enthousiasme, celle qui s’inscrit si bien dans la dynamique et la puissance du capitalisme.

Car l’individualisme de masse généré par le capitalisme et la société de croissance se nourrit d’illusions, d’espoirs, de frustrations, d’appétits irréfléchis. Les firmes flattent cette psychologie de rhinocéros : nous fonçons tous, tête baissée, dans les panneaux publicitaires qui ferment notre horizon quotidien. Les firmes polluent, détruisent, accélèrent le changement climatique, mais elles s’engagent pour le développement durable et nous proposent de consommer heureux et décomplexés. L’addiction aux grandes marques sera bientôt considérée comme un acte citoyen.

Du reste, l’écologie ne doit pas être punitive mais festive. C’est sans doute pour cette raison que le gouvernement a confié à des multinationales particulièrement pollueuses le soin de parrainer, en la finançant, la COP 21 (Conférence des Nations Unies sur le changement climatique à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015) (1). Le vice est chargé officiellement de promouvoir la vertu et de nous faire entrevoir un monde meilleur.

Sous l’impulsion de François Hollande, la Conférence climatique de Paris se prépare d’ailleurs activement avec des dirigeants économiques et politiques pleins de bonne volonté. Barack Obama vient ainsi de donner son feu vert à l’entreprise Shell pour lancer des opérations de forage dans la mer des Tchouktches en Alaska.
Pour Laurent Fabius qui supervise sur le plan diplomatique les préparatifs du grand rendez-vous de décembre : « le climat est positif »

« Le coq est le seul animal capable de chanter les pieds dans la merde » disait Coluche. Voilà qui est bien observé, que ce soit sur un terrain de football ou ailleurs !