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Pourquoi l’armée russe perd tant de généraux sur le front ukrainien
Article mis en ligne le 23 mars 2022

Au moins cinq sont morts : c’est rare, colossal, et signe que rien ne va.

Avec sans doute plus de 10.000 hommes morts au combat lors du premier mois de guerre en Ukraine, les pertes humaines de l’armée russe sont dramatiques, si dramatiques que, selon certains rapports, elle tente de masquer l’horreur avec l’aide du voisin et allié biélorusse.

Ce grand fauchage présente une caractéristique assez rare : il ne concerne pas que les trouffions de base mais aussi les glorieux généraux et hauts-gradés russes, qui sont au nombre de cinq –peut-être six à en croire les autorités ukrainiennes– à avoir trouvé la mort depuis le début de la guerre.

Comme le note Foreign Policy, c’est du jamais vu depuis la Seconde guerre mondiale. Et c’est un chiffre colossal : selon un diplomate interrogé par la publication, les renseignements occidentaux estiment à 20 le nombre de ces hauts-gradés engagés dans la guerre –un quart d’entre eux seraient donc ainsi déjà tombés, et les opérations sont loin d’être terminées. (...)

L’une des principales causes de ces décès étoilés tient à l’impréparation technique de l’armée russe avant son invasion, en particulier dans le domaine des communications et de leur chiffrage.
Comme des mouches (mais en treillis)

Le cas ahurissant de Vitali Gerassimov, trahi par des communications en clair ayant permis aux renseignements ukrainiens de le localiser et de commander une frappe ciblée, ne semble ainsi pas être unique.

Les communications sont ainsi l’un des talons d’Achille de cette force de 200.000 hommes, constituée pour partie de conscrits aux qualités militaires perfectibles, à la volonté incertaine de se battre dans une guerre pour laquelle ils n’ont pas été préparés, et au moral de plus en plus chancelant.

« Ils luttent pour faire passer leurs ordres », explique ainsi quant à ces généraux russes l’un des diplomates occidentaux interrogés par Foreign Policy, semble-t-il très au fait des rapports des renseignements occidentaux.

« Ils doivent se rendre eux-mêmes sur la ligne de front pour que les choses se fassent, ce qui leur fait prendre plus de risque que ce que l’on observerait normalement. Tout tient à un manque de préparation. Ils demandent à ce que des choses soient exécutés, et ils ne le sont pas. »

Un « senior » de la défense américaine interrogé par Foreign Policy note également que la perte de si nombreux hauts ou très hauts gradés tient également à la manière dont l’armée russe conçoit et met en branle ses hiérarchies. (...)

peu de marge de manœuvre et d’initiative aux officiers, forçant leurs supérieurs à s’impliquer plus directement, personnellement et physiquement dans la bataille. (...)

« Il n’y a aucun sens de l’initiative aux échelons le plus bas. Ils attendent qu’on leur dise quoi faire. Donc le général y va. Et les Ukrainiens ont de très, très bons snipers ; ils n’ont plus qu’à viser. » (...)

Au faîte de cette chaîne dysfonctionnelle de commande règne, bien sûr, Vladimir Poutine, spécialiste s’il en est des purges radicales et dont l’impatience face à l’insuccès de son « opération militaire spéciale » semble être allée grandissante dès les premiers jours de la guerre.

Ses généraux sur le terrain, comme leurs subordonnés qui tombent eux-aussi en masse, ont tout intérêt à ne pas trop le fâcher. Et pour ça, ils peuvent aller jusqu’à la mort