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Pourquoi les Colombiens ont dit non à la paix
Article mis en ligne le 3 octobre 2016

À une courte majorité, les Colombiens ont rejeté, lors du referendum de dimanche, l’accord de paix qui pouvait mettre fin à plus de cinquante ans de guerre civile. Vu d’Europe, ce « non à la paix » peut sembler incompréhensible. Mais les raisons d’un tel refus sont nombreuses et les déchirures au sein du pays sans doute sous-estimées.

Une fois de plus, les sondages ont menti. À quelque dixièmes de milliers de voix près, les Colombiens ont rejeté ce dimanche 2 octobre, à 50,2%, l’accord de paix avec les Farc, négocié depuis quatre ans à La Havane et signé en grande pompe lundi dernier à Carthagène, en présence de nombreux chefs d’États étrangers. L’abstention –près de 63%– est spectaculaire, même dans un pays où les électeurs se déplacent traditionnellement peu.

Immédiatement perçu comme un grave revers politique pour le président Juan Manuel Santos et comme une victoire pour l’ancien président Alvaro Uribe, farouche adversaire du « oui », ce scrutin a surpris la communauté internationale, toute prête à s’extasier sur le retour de la paix et sur la fin du plus vieux conflit d’Amérique latine. (...)

Le résultat du referendum signe la fin des illusions : après cinq décennies d’une guerre qui a fait près de 300.000 morts et disparus, et plus de 6 millions de déplacés, la Colombie n’est prête ni au pardon ni à la réconciliation, du moins dans les conditions que prévoit le texte de 300 pages qui a été signé le 26 septembre. Le président Santos en a d’ailleurs pris acte : après avoir répété durant la campagne qu’il n’y avait pas de plan B, il a rappelé dès l’issue du scrutin –tout comme le chef des Farc– que le cessez-le-feu bilatéral signé le 29 août restait valide et s’est hâté de promettre de réunir aujourd’hui toutes les forces politiques, en particulier celles du « non », pour « les écouter, ouvrir des espaces de dialogue et décider du chemin à suivre ». (...)