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Pourquoi les anti-autoritaires sont diagnostiqué·es malades mental·es
Bruce Levine (26/02/12)
Article mis en ligne le 2 février 2019
dernière modification le 30 janvier 2019

Au cours de ma carrière de psychologue, je me suis entretenu avec des centaines de personnes ayant été diagnostiquées par d’autres professionnel·les comme souffrant d’un trouble oppositionnel avec provocation, d’un déficit de l’attention avec hyperactivité, d’un trouble anxieux et d’autres maladies psychiatriques, et je suis frappé de voir (1) à quel point les personnes diagnostiquées sont essentiellement des anti-autoritaires, et (2) à quel point ces professionnel·les qui les ont diagnostiquées ne le sont pas.

Les anti-autoritaires se posent la question de savoir si une autorité est légitime avant de la prendre au sérieux. Évaluer la légitimité des autorités consiste entre autre à déterminer si oui ou non les autorités savent réellement de quoi elles parlent, si elles sont honnêtes et si elles se préoccupent des personnes qui respectent leur autorité. Et quand des anti-autoritaires estiment qu’une autorité est illégitime, iels contestent et résistent à cette autorité – de façon parfois agressive et parfois passive-agressive, parfois sagement et parfois non.

Certain·es activistes se lamentent du peu d’anti-autoritaires qui semble exister aux États-Unis. Une des raisons à cela pourrait être que beaucoup des personnes naturellement anti-autoritaires sont maintenant psychiatrisées et mises sous médicaments avant de parvenir à une prise de conscience politique concernant les autorités les plus oppressives de la société.

Pourquoi les professionnel·les de santé mentale diagnostiquent des maladies mentales chez les anti-autoritaires

Être accepté·e en école supérieure ou en école de médecine, obtenir un doctorat, et devenir psychologue ou psychiatre signifie sauter beaucoup d’obstacles, qui requièrent tous une grande conformité de comportement et beaucoup de considération pour les autorités, même celles pour lesquelles on manque de respect. La sélection et la socialisation des professionnel·les de la santé mentale tend à écarter de nombreuseux anti-autoritaires. Ayant navigué dans les eaux de l’éducation supérieure pendant une décennie de ma vie, je sais que les diplômes et les certificats sont principalement des badges de conformité. Celleux qui ont eut une scolarité prolongée ont vécu pendant des années dans un monde où l’on se conforme systématiquement aux demandes des autorités. Ainsi pour de nombreuseux diplômé·es, les gens qui ne sont pas comme elleux, qui rejettent cette conformité de comportement et d’attention leur semblent venir d’un autre monde – un monde diagnostiquable.

J’ai constaté que la plupart des psychologues, psychiatres, et autres professionnel·les de santé mentale ne font pas seulement preuve d’une extraordinaire obéissance aux autorités mais sont également inconscient·es de l’ampleur de leur soumission. Et il m’est aussi apparu clairement que l’anti-autoritarisme de leurs patient·es créait énormément d’anxiété chez ces professionnel·les et que leur anxiété venait nourrir les diagnostics et les traitements. (...)