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Pourquoi les étudiants britanniques croulent sous les dettes
Article mis en ligne le 29 janvier 2016
dernière modification le 23 janvier 2016

À peine majeurs et déjà rançonnés. Cibles des politiques d’austérité des conservateurs, les étudiants britanniques paient l’éducation supérieure publique « la plus chère du monde industrialisé ». De Londres à Newcastle, le prix maximal par année d’étude est devenu la norme : 9 000 livres, soit 12 300 euros. Ainsi les dettes amassées par les jeunes anglais comptent-elles désormais parmi les plus élevées au monde. Le Premier ministre David Cameron a créé une génération d’endettés à vie, et une bombe financière à retardement supplémentaire.

(...) Les frais d’inscription « les plus élevés du monde industrialisé »

En 2010, la coalition conservatrice de David Cameron inaugure sa croisade en faveur de l’austérité, en revoyant de fond en comble le système de financement des universités anglaises. Pendant que les frais d’inscription – qui alimentent les caisses de ces dernières – triplent, passant de 3 000 à 9 000 livres maximum par an, l’augmentation des prêts étudiants garantis par l’État permet, par un tour de passe-passe comptable, d’alléger les comptes publics. Avant cela, les universités étaient directement financées par l’État. (...)

Les bourses des étudiants modestes supprimées en 2016

Le budget des conservateurs dévoilé cet été recèle de nouvelles surprises. Le ministre des Finances, George Osborne, décide de supprimer les bourses à destination des étudiants modestes dès l’année prochaine. Motif : « Trop chères. » D’une valeur maximale de 3 387 livres par an (environ 4 600 euros), leur suppression affecte un demi-million d’étudiants anglais ! Le chancelier de l’Échiquier a décidé de les remplacer par… des emprunts étudiants, également remboursables une fois atteints 21 000 livres de revenus annuels. En outre, les universités faisant la preuve d’un « enseignement de haute qualité » pourront bientôt indexer le montant de leurs frais d’inscription sur l’inflation, dépassant ainsi les 9 000 livres par an.

« Le gouvernement a fait beaucoup d’efforts pour que les étudiants se comportent comme des consommateurs, et qu’il soient considérés comme tels, explique Stefan Collini, professeur à l’université de Cambridge et auteur critique de la privatisation de l’éducation supérieure. De plus en plus d’universités ont recours au marketing, à la publicité, et il y a un sens accru de la compétition des unes contre les autres. Incontestablement, elles sont aussi devenues beaucoup plus bureaucratiques. C’est en partie dû au fait qu’il y a plus de surveillance et d’indicateurs de performance à mesurer. Tandis que les universités sont devenues très efficaces pour faire des rapports sur ce que le gouvernement demande de contrôler, elles sont devenues beaucoup moins efficaces pour enseigner et faire de la recherche. »

Emprunts étudiants : l’équivalent du budget des retraites (...)

Début de contestation

Mais tous ne sont pas résignés. Ces derniers mois, les actions se sont multipliées contre des logements universitaires hors de prix et insalubres, et ont rencontré un francs succès. À la prestigieuse University College London (UCL), une soixantaine d’étudiants ont refusé de payer leurs loyers pendant sept mois car leurs logements étaient invivables et infestés de rats. L’UCL les a d’abord menacés d’expulsion et de sanctions académiques, mais a fini par dédommager ses résidents mal-logés à hauteur de 100 000 livres en octobre dernier. Un mois plus tard, elle versait près de 300 000 livres à un autre groupe d’étudiants pour les mêmes raisons. À l’École des études orientales et africaines de Londres, il aura fallu plusieurs mois de grèves des loyers à une centaine d’étudiants pour qu’ils obtiennent des dédommagements : leurs chambres, qui leur coûtaient 147 livres (201 euros) par semaine, étaient moisies et envahies par les cafards.

« Les actions étudiantes ont permis de remporter des victoires à des échelles locales, explique Hope Worsdale, de la Campagne nationale contre les frais et les coupes budgétaires. Au niveau national, en revanche, c’est très compliqué. Nous devons maintenant concentrer nos efforts sur la suppression des bourses pour les étudiants modestes. » (...)