
Le Pentagone a remis vendredi un rapport très attendu sur les observations de "phénomènes aérospatiaux non-identifés". Il ne contient pas de révélation explosive, mais le fait que ce rapport ait pu voir le jour est un exploit en soi.
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Oubliez l’agent Mulder de X-Files, ou la Zone 51 et son Roswell. Tout cela, c’est de la fiction. Le monde très fantasmé des ovnis est entrée dans le réel avec la remise, vendredi 25 juin, du rapport du Pentagone sur les phénomènes aérospatiaux non-identifiés.
Les ovnis, obscurs objets du désir bipartisan
C’est le plus important effort de transparence du gouvernement américain concernant les ovnis – ou plutôt des UAP (Unidentified aerial phenomenon), comme le Pentagone les désigne – depuis les années 1960. Et il n’aurait probablement pas pu voir le jour sans la pandémie de Covid-19.
L’ordre donné au ministère de la Défense de déclassifier toutes les données possibles à ce sujet a, en effet, été inscrit dans le plan de relance destiné à affronter la pandémie, signé le 27 décembre 2020 par Donald Trump, alors président des États-Unis. Cette clause donnait six mois à l’administration américaine pour rédiger son rapport.
De quoi faire de fin juin le grand soir pour tous les mordus d’ufologie. Ils risquent cependant d’être déçus : le rapport ne contient nulle rencontre du troisième type. (...)
Toutefois, les experts du Pentagone ont conclu que certains engins observés semblaient disposer de technologies qui n’existent pas aux États-Unis. Et surprendre les tenants de la suprématie technologique américaine.
Mais tout aussi étonnant est le fait que ce rapport ait pu voir le jour. Son existence illustre comment "les responsables militaires et politiques américains sont passés de ‘ET-sceptiques’ à ouvertement curieux" à ce sujet, remarque la BBC.
C’est devenu l’un des rares sujets politiquement fédérateurs. "Après l’année politique que nous venons de vivre, cela fait du bien de voir un thème porté par les deux parties", note Robert Powell, membre de la Coalition de scientifiques pour l’étude des UAP, interrogé par le Washington Post. (...)
À l’heure où les deux grands partis américains n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur le nom du vainqueur de l’élection présidentielle de 2020, "il est tout de même ironique de constater que ce qui rapproche les deux camps est quelque chose qui, il n’y a pas si longtemps encore, était considéré comme l’une des principales théories du complot", souligne Adam Jentleson, un temps conseiller du démocrate Harry Reid.
Les États-Unis effectuent actuellement un virage à 180° sur cette question. La dernière fois que Washington avait officiellement pris les ovnis au sérieux remonte aux années 1950. (...)
Pour le Washington Post, ce n’est pas un hasard si cette question revient actuellement sur le devant de la scène : comme au début de la guerre froide, les États-Unis se sentent de nouveau menacés dans leur supériorité militaire et technologique.
Cette fois, l’épouvantail est chinois. Selon le journal, la nouvelle obsession de Washington pour les UAP découlerait directement de sa crainte de découvrir que l’adversaire du moment dispose d’armes plus avancées que les siennes.
La publication d’un rapport sur ce sujet présente aussi un avantage politique, poursuit le Washington Post. À un moment de grande méfiance à l’égard des institutions américaines, un peu de transparence ne peut pas faire de mal.