
Avant de s’en prendre aux colporteurs de la « post-vérité », jetons un œil à notre cerveau. Comme Donald Trump, Nigel Farage et compagnie, il n’est jamais aussi performant que lorsqu’il s’agit d’arranger la réalité à sa sauce.
Avant de s’en prendre aux colporteurs de la « post-vérité », jetons un œil à notre cerveau. Comme Donald Trump, Nigel Farage et compagnie, il n’est jamais aussi performant que lorsqu’il s’agit d’arranger la réalité à sa sauce.
Le concept est aujourd’hui connu –les dictionnaires Oxford en ont fait leur mot de l’année 2016–, nous baignerions dans l’ère de la post-vérité. Selon certains analystes, nous vivons un temps qui se fout des faits, où il n’y a que les interprétations qui comptent. Les émotions et les croyances, les intérêts et les volontés de puissance priment sur les vérités objectives. Plus personne –et encore moins du côté des politiques– ne voit le monde tel qu’il est, mais comme on aimerait qu’il soit. À chacun selon les besoins de sa communauté et les moyens de sa bulle de filtre. On triche, on manipule, on déforme, on altère, on comble les trous et on (se) raconte des histoires.
Soit à peu près ce que nous disent les sciences cognitives et psychologiques sur le fonctionnement de notre esprit : pour appréhender le réel, nous devons faire marcher notre cerveau, sauf que manque de pot, au rayon des machines à connaître, il n’y a peut-être pas d’outil plus incertain, plus capricieux, plus flemmard, plus partisan et plus baratineur –en un mot, plus merdique– que le truc spongieux casé sous notre boîte crânienne.
Comme tous nos organes, notre cerveau a été « fait » pour assurer notre survie, c’est-à-dire tirer profit du monde, et face à lui nous agissons bien davantage en avocat –nous insistons sur les éléments soutenant notre plaidoirie, en taisant astucieusement ceux susceptibles de lui causer du tort–, qu’en scientifique –d’abord la collecte d’éléments matériels, ensuite la formulation d’une théorie susceptible de les expliquer et d’être amendée, voire contredite, si nous découvrons plus tard d’autres faits incohérents avec notre première explication.
L’accumulation des biais
Le pire, c’est que la plupart du temps, nous n’en avons même pas conscience (...)