
« Si nous sommes, quelle que soit notre appartenance, des êtres humains constitués de chair et de sang, nous n’en sommes pas moins perçu·e·s différemment en fonction de nos phénotypes et de notre assignation sexuée et par conséquent traité·e·s de manière inégalitaire. Tout comme le genre, la race reste une construction sociale issue de l’histoire ».
En préface, Rokhaya Diallo souligne, entre autres, que si les races n’existent pas, « le racisme les fait exister », le caractère systémique du racisme (ce n’est ni une somme d’actes isolés, ni « une faute individuelle »), son ancrage dans des siècles d’oppression, la légitimité pour les minorités ou les groupes minorisés de déterminer les priorités de leurs luttes, la nécessité de se défendre et de décider des termes de la lutte…
Système et rapports entre groupes sociaux, si certain·es subissent le racisme, d’autres en bénéficient, cela se nomme un privilège, « Si cela ne doit pas induire de culpabilité individuelle, cela implique a minima la conscience de l’existence de ces privilèges et la volonté de démanteler un système inégalitaire même s’il a été historiquement conçu en sa faveur ». Je souligne ce point car cela reste un point aveugle de bien des militant·es antiracistes ou anti-sexistes.
L’autrice ajoute qu’on ne peut « circonscrire la question dite « sociale » à la question économique comme si les questions raciales ou de genre n’étaient pas également des questions sociales ». (...)
« La France ne se vit pas comme une société structurellement sexiste, homophobe ou raciste, alors que ces idéologies sont ancrées dans notre histoire, et l’ont été longtemps – voire le sont toujours – dans notre droit ». Un mythe et des tabous, comme par exemple, le caractère étatique du racisme (ce qui reste différent d’un état racial comme durant la colonisation, la seconde guerre mondiale, etc.). (...)
« Parle-t-on de communautarisme pour désigner l’entre-soi des élites majoritairement blanches et masculines »), de perte de monopole ou de « statut », de modification de rapport de force et de perte de confort, d’angoisse identitaire (en complément possible, Laurence De Cock, Régis Meyran : Paniques identitaires. Identité(s) et idéologie(s) au prisme des sciences sociales, identites-fantasmees-ou-figees-le-refus-de-legalite-et-de-la-liberte/). Aujourd’hui des personnes minorées refusent de rester confinées et prennent la parole, animent les luttes anti-racistes, dénoncent les violences policières, « Le temps de l’invisibilité politique est révolu ».
L’autrice dénonce la disqualification de celles et ceux qui ne seraient pas vraiment des français·es, « Je suis française, née en France, et ne fais qu’exiger que les principes dont se targue mon pays ne se contentent pas d’être formellement inscrits dans des textes ». Personne ne devrait implicitement être sommée de se tenir docile. Aucun soupçon ne devrait planer en permanence sur celles et ceux qui auraient, comme signe distinctif, une origine plus ou moins lointaine, hors de l’europe blanche ou considérée comme telle. (..)