Bandeau
mcInform@ctions
Travail de fourmi, effet papillon...
Descriptif du site
le Parisien
Précarité alimentaire en Seine-Saint-Denis : « Il y a urgence, les gens ont faim »
Article mis en ligne le 19 avril 2020

Avec le confinement, le nombre de personnes dans le besoin explose dans le 93. Reportage à Clichy-sous-Bois, lors d’une distribution organisée par AC Le Feu et le centre social Toucouleurs.

Chainez, Zoulikha et Saliha en sont convaincues : « En France, on ne meurt pas de faim ». Même si le travail manque depuis le début du confinement. Même si la cantine scolaire a fermé, tout comme le grand marché de Clichy-Montfermeil, « où on achetait les fruits et les légumes à un euro ».

Mais ce mercredi matin, pour la première fois de leur vie, ces mères de famille sont venues remplir leur chariot lors d’une distribution alimentaire, à Clichy-sous-Bois, comme il s’en improvise partout ailleurs dans le 93. (...)

Lire aussi :

Coronavirus en Seine-Saint-Denis : Mise en place d’« une aide contre la précarité alimentaire de 60 euros pour 25.000 collégiens », annonce Stéphane Troussel

  • En Seine-Saint-Denis, un des départements les plus pauvres de France, la crise sanitaire du Covid-19 se double d’une crise sociale de plus en plus aiguë.
  • Stéphane Troussel, président du département, annonce une aide de 60 euros pour les familles de 25.000 collégiens pour faire face à la précarité alimentaire.
  • Mais, pour lui, cela ne peut suffire, et il en appelle aux pouvoirs publics, et notamment à Emmanuel Macron, pour soutenir les plus pauvres.

Tous les chiffres montrent que la Seine-Saint-Denis et ses habitants risquent de payer un plus lourd tribut que d’autres territoires pour de nombreuses raisons, et en particulier à cause de la pauvreté. Il n’y a pas 20 % de la population de Seine-Saint-Denis qui est partie se confiner dans sa résidence secondaire, il y a peut-être des contaminations intrafamiliales plus nombreuses quand on vit dans un petit appartement où c’est difficile d’isoler un malade, il y a aussi dans le département un certain nombre de pathologies chroniques plus nombreuses qu’ailleurs, le cancer, le diabète, l’asthme, l’obésité. Enfin il y a un certain nombre d’habitants qui exercent des professions en première ou en deuxième ligne aujourd’hui face au coronavirus, que ce soit des aides-soignants, infirmiers, brancardiers, mais aussi caissiers, livreurs, éboueurs qui continuent, eux, de travailler et de prendre les transports en commun.
Dans quelle mesure la crise du coronavirus aggrave-t-elle la précarité alimentaire ?

La période à venir sera cruciale pour continuer à garantir les besoins vitaux des plus modestes, et au premier rang desquels la possibilité de s’alimenter. On le voit en Seine-Saint-Denis, les associations d’aide alimentaire multiplient leurs actions de livraisons de repas à cause de la fermeture des cantines ou de la perte de certains revenus. Cela représente une hausse des dépenses très dure à supporter pour les familles les plus modestes et très clairement les associations caritatives et les collectivités ne pourront pas tenir seules dans la durée cette situation.
Le gouvernement est-il à la hauteur des enjeux sur ces questions ?

Le gouvernement a décidé très justement des aides pour le soutien aux entreprises et aux salariés dans le cadre du chômage partiel. Mais il faut quand même dire que le chômage partiel, ça ne concerne pas les familles les plus modestes, celles qui sont aux minima sociaux, celles qui vivent de petits boulots qui ont disparu avec le coronavirus. En revanche, elles voient leurs dépenses contraintes, en particulier d’alimentation, augmenter. Et les collectivités locales et les associations caritatives ne pourront pas assurer tout toutes seules dans la durée. (...)

la fermeture des marchés, où un certain nombre de familles modestes peuvent se fournir en fin de marché où les commerçants vendent à prix plus bas, participe aussi de ces difficultés actuelles, mais cela a aussi été décidé au regard des consignes sanitaires qui sont primordiales. Néanmoins, on ne réglera pas le problème avec une ouverture supplémentaire des marchés. Il faut régler le problème avec une mesure sociale nationale d’ampleur qui s’applique à toutes les familles les plus en difficulté.