
Privés de petits boulots ou de stages, donc de revenus complémentaires, sans accès aux restaurants universitaires, fermés, sans cadre d’études correct avec la fermeture des universités, nombre d’étudiants cumulent les difficultés et basculent dans une très grande précarité, alimentaire notamment. Les syndicats étudiants lancent l’alerte et tentent de pallier l’absence d’aide d’urgence.
Si le gouvernement envisage bel et bien le versement d’une aide aux étudiants qui sont employés dans les structures médicales, fortement mobilisés et sous-payés durant la crise sanitaire, et pour ceux dont la famille se trouve en Outre-mer, rien n’a été prévu pour la majorité restante.
Sans stage et sans emploi, comment survivre au confinement ?
Dès l’annonce du confinement, le ministère de l’Éducation a voulu se montrer rassurant. Sur son site, une foire aux questions spéciale Covid19 a été ouverte pour répondre aux inquiétudes des étudiants. Oui, le versement des bourses sur critères sociaux sera maintenu pendant la fermeture des établissements supérieurs. Oui, les services administratifs poursuivront leurs activités en télétravail, et assureront le traitement des dossiers de demande de bourses et de logement pour la rentrée prochaine. Oui, les étudiants qui le souhaitent, ou qui n’ont pas d’autres solutions, pourront rester dans leur logement universitaire. À condition bien sûr de continuer à s‘acquitter du loyer. Pour les confinés des résidences Crous, principalement occupées par les étudiants boursiers et étrangers, dont la survie dépend de petits boulots précaires et de contrats de travail limités, la peur de la précarité et des impayés monte à mesure que se prolonge le confinement. (...)
En France, 46 % des étudiants travaillent à côté de leurs études [1]. Avec le confinement, ils sont nombreux à avoir perdu leur source de revenu, sans pouvoir prétendre au chômage partiel. Pour les plus précaires, tout repose désormais sur la bourse versée par les Crous, sur critères sociaux. Cette aide mensuelle attribuée de septembre à juin varie significativement d’un étudiant à l’autre, de 102 euros à 561 euros. (...)
En première ligne pour organiser la solidarité, les syndicats et les associations étudiantes
Les bourses et les aides au logement ne devraient pourtant pas être revalorisées pendant la période de confinement. Les étudiants qui travaillent normalement doivent donc se débrouiller pour payer leurs charges et s’alimenter avec des moyens réduits, voire inexistants, et sans l’aide des restaurants universitaires, fermés. (...)
Après un mois de confinement, la faim, l’insalubrité, et le stress des impayés commencent à peser sur les esprits. En dernier recours, les étudiants les plus démunis peuvent se tourner vers les aides exceptionnelle mises en place par certaines universités et certains Crous. Mais chaque Crous et chaque université est libre de choisir le type d’aide disponible, décident de leurs montants et conditions d’attribution. Les critères d’obtention sont variables en fonction des régions et des ressources de chaque établissement.
« Attendre qu’on soit vraiment dans la merde, c’est ça la politique d’aide du Crous »
À Bordeaux notamment, les confinés en résidence peuvent bénéficier d’aides à la restauration et de paniers repas distribués par des bénévoles. Dans certaines universités, comme à Tours, des bons d’achat de produits alimentaires et d’hygiène d’une valeur de 70 euros, ainsi que des prêts de matériel informatique, sont prévus pour ceux qui en ont font la demande. (...)
Pour Madji Chaarana, de l’Unef, l’État se repose un peu trop sur les actions solidaires des associations et syndicats étudiants : « Répondre à cette crise, ce n’est pas notre rôle ! Nous sommes là pour guider, et organiser la solidarité étudiante. Il va falloir que l’État fasse beaucoup plus que ça pour sauver les étudiants. »