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Observatoire des inégalités
Précarité : un marché du travail à deux vitesses
Article mis en ligne le 27 février 2015

La précarité ne frappe pas tous les actifs : le monde du travail se scinde entre univers de salariés plus ou moins protégés des aléas, et un volant de précaires qui tournent sur des morceaux d’emplois. « Le fonctionnement du marché du travail tend à s’éloigner d’un modèle de file d’attente, où les emplois instables sont des tremplins vers l’emploi stable, pour se rapprocher d’un modèle segmenté, où les emplois stables et instables forment deux mondes séparés, les emplois instables constituant une « trappe » pour ceux qui les occupent », estime Claude Picart de l’Insee, auteur d’une étude essentielle pour comprendre le fonctionnement du marché du travail [1] publiée par l’Insee et passée inaperçue.

Le taux de précarité (CCD et intérim rapporté à l’emploi salarié du privé), a fortement progressé entre le milieu des années 1980 et la fin des années 1990, passant de 5 à 12 %. Depuis, il est resté stable. La croissance des formes précaires d’emploi est déjà ancienne et ne touche qu’une frange très réduite des actifs du privé. La part de salariés dont l’ancienneté est inférieure à un an (que l’auteur qualifie de « mobilité ») a peu évolué depuis le début des années 1980, autour de 18 %. Comment expliquer alors que le taux de rotation des salariés ait quintuplé en trente ans, de 38 à 177 % ? Cette rotation représente le flux des embauches et des débauches une année donnée, rapporté au nombre de salariés. Si la part des contrats court à un moment donné (la mobilité) n’augmente pas, le « roulement » (les personnes qui sont entrées dans l’entreprise au cours de l’année et l’ont quittée avant la fin de la période de mesure) lui progresse fortement (sur notre graphique, le roulement équivaut à la différence entre la rotation totale et la mobilité). Ce roulement n’apparaît pas quand on mesure la précarité à un moment donné. (...)

La part des formes précaires d’emploi reste stable, mais les contrats précaires sont de plus en plus courts et de plus en plus nombreux. (...)

La phénomène du roulement concerne d’abord des jeunes peu qualifiés, même si l’auteur de l’étude relève que les plus âgés sont de plus en plus concernés. Ces jeunes finissent par trouver un emploi plus stable, mais au bout d’un temps beaucoup plus long qu’autrefois. La file d’attente d’accès à l’emploi s’est allongée, donnant l’impression de s’éterniser pour ceux qui y sont coincés. (...)