
Près de 8 milliards d’euros, c’est le montant des exportations d’armes de guerre allemandes en 2015. Soit deux fois plus que l’année précédente. Le chiffre annoncé cette semaine par le gouvernement allemand suscite de vives critiques outre-Rhin [1]. Et pour cause, une large partie de ces armes sont vendues dans une zone de grande instabilité et de guerre : Le Moyen Orient. L’Allemagne a vendu en 2015 pour plus d’1,4 milliard d’armements au Qatar, 408 millions à Israël, 77 millions au Koweït, 23 millions à l’Arabie Saoudite…
L’Allemagne n’est pas une exception. Le commerce international des armements connaît une belle croissance. En particulier, les ventes d’armes vers les zones instables du Moyen Orient et d’Afrique du nord. En 2015, l’Arabie Saoudite était le plus grand importateur d’armes au monde. L’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Irak, le Qatar, l’Algérie, Israël et la Turquie parmi les 20 premiers, souligne un nouveau rapport de l’ONG néerlandaise Transnational Institute (TNI) publié le 4 juillet. (...)
A qui profitent ces milliards de contrats d’armements ? Aux groupes comme Airbus, les françaises Thales et Safran ou l’italienne Firmecannica.
Parallèlement, les affaires se portent aussi toujours mieux en ce qui concerne les ventes d’équipement militaire de protection des frontières, en particulier européennes, contre les migrations. Et les mêmes entreprises se retrouvent souvent sur les deux fronts. C’est en fait un système militaro-industriel global que l’ONG décortique dans son dernier rapport.
De généreuses subventions pour militariser les frontières
Les grands groupes d’armements profitent de l’instabilité au Moyen Orient et en Afrique à tous les niveaux : augmentation des ventes d’armes, avec l’aval des autorités des États exportateurs, vers ces zones de conflit (guerres en Syrie, avec le rôle trouble du Qatar et de l’Arabie Saoudite dans le financement et le soutiens aux belligérants, guerre au Yémen, dans une opération menée par une coalition de pays de la région avec l’Arabie Saoudite à sa tête, régimes répressifs…) ; militarisation du contrôle des frontières en particulier européennes alors que l’UE fait face à un afflux historique de réfugiés fuyant les conflits ; et subventions européennes à l’industrie de l’armement pour des projets de militarisation des frontières. La boucle est bouclée. « En d’autres termes, les entreprises qui créent la crise sont celles qui en profitent », dénonce TNI. (...)