
Lors de chaque campagne électorale, éditorialistes et autres « grands » journalistes politiques rivalisent de mépris pour celles et ceux qu’ils qualifient de « petits » candidats » [1].
Mais cette année, Le Monde a tué la compétition avant même qu’elle ne débute avec un article publié le 10 février 2017 dans M, son supplément magazine (et publicitaire) paraissant le week-end. Intitulé « Les microcandidats à la présidentielle » [2], ce chef d’œuvre de journalisme de railleries et de quolibets n’a qu’un objectif, ridiculiser tous les acteurs politiques qu’il évoque, et une méthode – digne d’une cour d’école –, brocarder les scores qu’ils ont obtenus par le passé. Une production journalistique détestable qui méprise le pluralisme et bafoue le débat démocratique en moquant celles et ceux qui entendent l’incarner en dehors des trois partis dominants. Passage en revue des saillies les plus consternantes. (...)
Cet article publié dans le supplément hebdomadaire d’un quotidien qui se veut « de référence » a pourtant toutes les caractéristiques de la discussion de comptoir (entre clients pas vraiment sobres) : propos à l’emporte-pièce, affirmations outrancières et verdicts saugrenus présentés comme des évidences indiscutables ; saillies caricaturales et répétitives en guise de traits d’esprit ; disqualification a priori et dépolitisée de la politique dès lors qu’elle s’écarte un tant soit peu des formes institutionnelles. L’auteur de cet article imprégné d’une morgue insupportable sort complètement de son rôle de journaliste d’information (...)