
Un mix 100 % énergies renouvelables et la neutralité carbone dès 2050, moins de pics de pollution, la sortie du nucléaire… Dans son scénario 2017, l’association négaWatt dessine une transition énergétique ambitieuse et réalisable. Il reste à ce que les politiques choisissent de la porter.
(...) Premier enseignement majeur du nouveau scénario négaWatt : la consommation d’énergie finale peut être réduite de moitié en 2050 par rapport à 2015, même en tenant compte de l’augmentation de la population (72 millions d’habitants contre 65 millions aujourd’hui). « Pour aboutir à ce résultat, il faut mener deux grands chantiers : la sobriété énergétique [responsable de 60 % de la baisse de consommation dans le scénario] et l’amélioration de l’efficacité énergétique des appareils et des systèmes [40 % de la baisse] », explique Thierry Salomon, fondateur et vice-président de l’association. Cela nécessite de traquer tous les gaspillages : le suremballage, les mauvaises habitudes (ne remplir le lave-linge qu’à moitié…), le matraquage publicitaire et l’obsolescence programmée. Pour les domaines agricole et forestier, négaWatt s’est largement inspirée des économies proposées dans le scénario Afterres 2050. (...)
« L’idée forte de négaWatt est que l’ère des énergies fossiles est finie », insiste M. Salomon. Idem pour le nucléaire — l’association est opposée au prolongement de la durée de vie des centrales ainsi qu’à la construction d’une nouvelle génération de réacteurs type EPR, « sur lesquels pèsent de nombreuses interrogations sur les plans financier et de la sûreté ».
« Les cinq dernières années nous ont donné raison. Le coût des renouvelables — éolien et photovoltaïque — a fortement baissé. L’éolien offshore et le biogaz ont également connu de belles avancées », affirme M. Salomon. Qui insiste sur le caractère réaliste de cette transition (...)
Réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) et de la pollution, indépendance énergétique, emploi... « Les bénéfices seraient multiples », s’enthousiasme le vice-président de l’association. (...)
Quatorze ans après le premier scénario négaWatt, la transition énergétique peine toujours à s’amorcer… Qu’est-ce qui bloque ? « Nous commençons à gagner la bataille des esprits et des textes, puisque la loi relative à la transition énergétique de 2015 fixe de bons objectifs, sauf en matière de nucléaire, analyse M. Salomon. C’est au moment de la mise en œuvre qu’on n’y arrive pas. » La faute à la prédominance de visions de court terme : « Les bénéfices de ce scénario seront visibles dans dix ou quinze ans, un horizon très lointain pour une entreprise qui se projette à trois ans, un politique tourné vers la prochaine échéance électorale, un trader haute fréquence qui calcule ses bénéfices à la seconde. »
Il attend de l’État qu’il accompagne cette transition grâce à une politique volontariste d’incitations financières et fiscales. « Il faut des signaux économiques, poursuit l’ingénieur. On le voit déjà : au fur et à mesure que le coût des énergies renouvelables baisse, les financiers se détournent du nucléaire sans états d’âme. »