
La cour d’assises spéciale de Paris a prononcé, mercredi 9 mars, des peines de huit à treize ans de prison pour les trois accusés présents au procès de l’attentat de Saint-Etienne-du-Rouvray lors duquel le père Jacques Hamel a été tué le 26 juillet 2016. Ils sont reconnus coupables d’"association de malfaiteurs terroriste". Une peine de huit ans de prison a été prononcée contre Yassine Sebaihia, dix ans pour Farid Khelil et treize ans pour Jean-Philippe Jean Louis. Le quatrième accusé est absent. Il s’agit de Rachid Kassim, qui est jugé pour complicité mais ce Français est présumé mort en Irak en 2017.
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Parmi les moments forts de ce procès, il y a eu les témoignages des parties civiles avec notamment celui de Guy Coponet, le paroissien rescapé de l’attaque, et celui de Roseline Hamel, la sœur du prêtre tué.
Aujourd’hui âgé de 92 ans, Guy Coponet a été le premier des parties civiles à témoigner le 17 février. Blessé et forcé à filmer l’assassinat du père Hamel dans l’église, il a dit "penser" aux tueurs "tous les matins" car la zone autour de sa gorge où il a été touché est devenue insensible depuis l’attentat.
Guy Coponet a lui-même pris des coups de couteau dans le dos, au bras et à la gorge. Il a fait le mort et a attendu : "Cela a été long, je finissais ma prière à Marie quand quelqu’un est arrivé". Et le catholique d’entamer un "Je vous salue Marie" dans la salle d’audience. (...)
La sœur du père Hamel a témoigné le même jour et a décrit son frère comme discret et plein d’humilité : "Il a consacré sa vie aux autres". Une photo du prêtre est diffusé sur les écrans. Et Roseline d’ajouter des sanglots dans la voix en se tournant vers les accusés : "Messieurs, vous n’aurez pas ma haine. Même avec ma grande souffrance". (...)
La sœur du père Hamel a témoigné le même jour et a décrit son frère comme discret et plein d’humilité : "Il a consacré sa vie aux autres". Une photo du prêtre est diffusé sur les écrans. Et Roseline d’ajouter des sanglots dans la voix en se tournant vers les accusés : "Messieurs, vous n’aurez pas ma haine. Même avec ma grande souffrance". (...)
Le pardon des accusés
Invités à prendre la parole une dernière fois avant que la cour d’assises spéciale de Paris ne parte délibérer ce mercredi 9 mars, les trois accusés ont exprimé leur compassion à l’égard des parties civiles, demandant pardon pour ce qu’il s’était passé.
Un pardon que deux des accusés avaient déjà formulé une première fois lors des témoignages des parties civiles au début du procès. Farid Khelil, l’un des accusés, a demandé à prendre la parole le 17 février. Le cousin du tueur Abdel-Malik Petitjean a déclaré : "Vous m’avez bouleversé, M. Coponet. Depuis cinq ans et demi, tous les matins, c’est à vous et au père Hamel que je pense. Je vous demande pardon pour mon cousin entré dans l’église". Guy Coponet a jugé la démarche de l’accusé "formidable". Le nonagénaire a dit son espoir en un avenir meilleur.
Après le témoignage de la sœur du père Hamel, Farid Khelil a de nouveau pris la parole : "Jamais je n’aurais imaginé que mon cousin puisse attaquer votre frère. Vous avez dit ‘vous n’aurez pas ma haine’, sachez que vous avez tout mon amour". Et de poursuivre : "J’espère qu’un jour vous pardonnerez ma négligence. Ma négligence criminelle." (...)
Lors de son interrogatoire le vendredi 4 mars, Jean Philippe Steven Jean Louis a également demandé pardon aux parties civiles : Je suis gêné d’être devant eux. Ils auraient pu nous blâmer et depuis le début du procès ils ne l’ont pas fait. Je ne sais pas quelle est la portée de mes actions mais je veux vous demander pardon." (...)
Les plaidoiries des parties civiles lundi 7 mars ont notamment déploré que "c’était un peu "cachez ce jihad" que je ne saurais voir". Pour Me Morain de la FENVAC, association de victimes d’attentat, c’était un "travestissement des choses" opéré selon lui par les accusés.