
« Le maintien des liens familiaux, condition fondamentale de la réinsertion des personnes placées sous main de justice et de la prévention de la récidive, est une des principales missions de l’administration pénitentiaire », affirme le ministère de la Justice. Et pourtant, ce droit fondamental est quotidiennement malmené. Des deux côtés des murs, les obstacles à surmonter sont nombreux.
« On est en prison aussi. On ne vit plus. On s’inquiète pour eux. Le moindre plaisir, on culpabilise : la viande, elle ne passe plus parce que je sais qu’il ne peut pas en manger dedans. » « Le plus dur à vivre, ce sont les moments que je voudrais passer avec elle, alors que c’est impossible. Cette année, j’ai décidé de travailler pendant les fêtes, pour ne pas y penser, et aussi parce que c’est très dur de faire des choses qui me feraient plaisir quand je sais qu’elle est enfermée entre quatre murs. Alors j’ai décidé de ne rien faire le 25 décembre, de juste prendre deux jours pour préparer son colis de Noël, cuisiner les plats qu’elle aime. » Au-delà de la souffrance de la séparation forcée, de l’absence imposée, de la culpabilité de vivre libres quand celui ou celle qu’elles chérissent est enfermé, ces mères de personnes détenues disent les vies bouleversées, réorganisées autour de la prison. « Au point d’avoir le sentiment d’être également enfermées »1 – victimes collatérales d’une peine qui ne leur était pas destinée. (...)
Les coûts de la détention sont élevés, pour ceux qui attendent dehors. Financièrement d’abord : 62 % des personnes interrogées par l’Uframa2 dans sa dernière enquête3 déclarent s’être appauvries avec l’incarcération de leur proche et la perte de son revenu. Alors même que celle-ci occasionne des frais supplémentaires. (...)
Tout se paye en prison, et à des prix souvent supérieurs à ceux pratiqués à l’extérieur. Faute de travail et de salaire décent à l’intérieur, les proches mettent souvent la main à la poche. (...)
« Plus les mois passaient, plus j’étais à bout, physiquement, mentalement, psychologiquement. Je pleurais, je n’avais plus envie de travailler, de m’occuper de mon enfant », témoigne une compagne. Si bien que les visites, qui « devraient être une joie », deviennent un « poids ». Il faut dire que les conditions dans lesquelles elles se déroulent généralement sont loin d’en atténuer la charge.
Les visites au parloir : un plaisir autant qu’une souffrance (...)