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Produits toxiques : « Combien de morts faudra-t-il pour que l’État prenne des mesures ? »
Article mis en ligne le 13 juin 2018
dernière modification le 12 juin 2018

Partie de Fos-sur-Mer le 1er mai, la « Marche des cobayes » doit rallier Paris fin juin. Son but ? Alerter sur la multiplication des pollutions aux produits toxiques, et leur impact sur l’environnement et la santé des travailleurs comme des citoyens. Malgré les connaissances qui s’accumulent et les alertent qui se multiplient, « l’attitude des autorités publiques relève du déni, voire de la non-assistance à personne en danger », dénonce la coordinatrice de la marche Sarah Ferrandi, interviewée par Basta !.

Sarah Ferrandi : Nous voulons d’abord rendre visible toutes les victimes de produits toxiques. Aujourd’hui, il y a un vrai manque de considération à leur égard : que ce soit sur les lieux de travail ou de vie, dans l’alimentation ou dans les soins, les personnes contaminées par des polluants dangereux restent isolées face à leur problème. Elles font face à de nombreuses résistances de la part de l’opinion publique, du corps médical ou encore des autorités qui refusent de donner de la crédibilité aux maladies et souffrances endurées. C’est le cas par exemple des victimes de la nouvelle formule du Lévothyrox : de très nombreuses femmes en ont été victimes, mais lorsqu’elles parlent des effets indésirables qu’elles rencontrent et qui leur gâchent la vie, elles se voient très souvent répondre qu’elles sont en train de faire une psychose ou une dépression, et on a très peu entendu parler de ce problème dans les médias. (...)

La marche est bien évidemment celle des victimes de tous ces scandales. Mais si elles sont devenues victimes, c’est parce qu’elles ont été cobayes de diverses expérimentations au préalable. Les personnes officiellement reconnues victimes ne sont qu’une minorité face aux millions de personnes entourées par des produits toxiques. Nous sommes tous des cobayes : de la pollution de l’air, de la malbouffe, des produits de santé dangereux, etc. Le terme de « cobaye » permet de réintroduire la notion de risque : il faut mener un travail de prévention, nous ne voulons plus voir le nombre de victimes augmenter perpétuellement car nous n’aurions pas évalué les risques sur la santé. (...)

Vous dénoncez « l’inertie de l’État » face à ces combats : qu’attendez-vous concrètement, aujourd’hui, des pouvoirs publics ?

Il faut de vraies politiques qui protègent le citoyen face aux très nombreuses sources de pollution auxquelles il est confronté, ainsi qu’une véritable prise en compte du facteur environnemental dans les politiques de santé publique. Cela passe notamment par la généralisation d’une recherche et d’une expertise indépendantes sur toutes ces questions. Nous défendons par exemple une vraie refonte de toutes les méthodes d’évaluation et d’homologation, qui pourraient se faire à partir d’un panel indépendant de chercheurs universitaires sous contrôle citoyen. Une vraie recherche indépendante, cela veut dire que les fonds publics ne doivent plus être attribués en fonction d’objectifs financiers, et que les règles de financement public-privé doivent être revues.