
Incorrigible rédaction de Challenges ! Nous avions déjà épinglé ce torchon ultra-libéral dans un précédent article. N’écoutant que sa bêtise, un des journalistes, un des participants à cette meute a donc décidé d’enfoncer le clou avec cette sempiternelle et si facile excuse d’informer.
On débute donc par un titre subtil sans équivoque quant à l’ombre du lobby qui plane derrière.
“Pourquoi l’exploitation du gaz de schiste en France mérite un débat”.
Pour bien comprendre le parti pris – ici pas de raison, ce n’est pas un edito – retraduisons le titre par “Pourquoi sacrifier nos sols et nappes souterraines au profit de l’argent mérite un débat” Un sujet biaisé dès le début dont le titre impose une seule réponse : pas de débat à cette folie humaine !
Rien à dire sur les 20 premières lignes de l’article, puis vient une phrase clé à propos de la vague populaire anti-gaz de schiste à la fin du mandat de Sarkozy : “L’émotion avait pris le pas sur la raison.”
Pour Nicolas Stiel, s’inquiéter de la pollution des sols et des nappes phréatiques c’est s’émouvoir et donc rester dans le futile. Superbe raisonnement d’un contributeur de l’encyclopédie Universalis. On comprend le succès de Wikipédia !
S’en suit un paragraphe entier de pourcentage et de chiffres à gogo sur le prix du brent, du déficit commercial de la France. Procédé classique pour noyer le poisson.
“Vous voyez comment je maitrise le sujet, vous saviez pas tout ça, alors croyez moi et suivez mon opinion !”
Pire, l’auteur joue la démagogie à fond en osant mettre dans la balance “4 millions de ménages vivent en situation de précarité énergétique” faisant alors miroiter que laisser forer les entreprises permettra de résoudre le prix du gaz et donc d’ouvrir l’accès à l’énergie même aux plus pauvres. Ridicule.
L’avalanche de chiffres ne vous a pas suffi ? Alors sortie du chapeau, une belle étude celle de l’étude de la Fondation Concorde (“Gaz de schiste, exploitons nos réserves”).
Comme par hasard une association réputée indépendante politiquement…mais dont les supporters sont plutôt la droite modérée avec des obsessions telles que “la compétitivité des entreprises et l’entrepreneuriat, tout en exigeant un Etat allégé et la réduction de la dépense publique”
Le choix des invités en 2011 confirme l’influence libérale : Luc Châtel (ministre fantoche de Sarkozy), Jean Paul Betbèze (préside entre autres l’Union des industries de la communauté européenne), Jean-Pierre Jouyet (Autorité des marchés financiers (AMF) sous Sarkozy, Bruno Le Maire (le ministre de l’agriculture de Sarkozy qui ne savait pas combien faisait un hectare en m² !), Thierry Breton (ex PDG de Rhodia, Thomson Multimédia, Orange, actuel PDG de ATOS) ou Christian Saint-Etienne (économiste…membre du conseil d’administration de Cofiroute pas sûr que l’écologie soit sa tasse de thé) ! (...)
A la décharge de l’auteur, force est de constater que le lobby des gaz de schiste a acheté directement ou indirectement bon nombre d’apprenti journaliste et de médias. Que ce soit TF1 ou l’Usine Nouvelle, en raison de la conférence environnementale, le lobby voulait et veut avoir son mot à dire dans le pseudo-débat.
– TF1.fr nous annonce un tonitruant : Le gaz de schiste pourrait créer au moins 100.000 emplois d’ici à 2020 Pourquoi pas un million, tant que nous y sommes !
– Quant à l’Usine Nouvelle, la publicité GDF Suez sur le côté de l’article comme pour accéder à leur site web suffit à discréditer le magnifique “Compétitivité : Le gaz de schiste, c’est bon pour l’industrie”
Et nous avons même droit à une belle infographie, histoire de tenter de convaincre même les illettrés. (Merci à Meclalex pour l’infographie)
Une infographie dont le plus choquant reste ce chiffre bidon de 0,5% de produits chimiques et 95% d’eau, alors qu’on ignore tout de la réelle composition nécessaire au fracking, alors la quantité exacte… (...)