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Quand Valeurs actuelles et L’Opinion publient sciemment un faux sondage
Article mis en ligne le 11 septembre 2014

Une lumière crue sur l’état de la déontologie de certaines rédactions et sur les ravages de la folie sondagière

En une de son édition du 4 septembre 2014, l’hebdomadaire Valeurs actuelles annonçait un « sondage bombe » sur l’élection présidentielle de 2017. Sur le site du journal, on apprend que « Nicolas Sarkozy serait le seul à pouvoir empêcher le Front national de ravir la première place lors du premier tour de la présidentielle ». Une information également publiée sur le site du journal L’Opinion. (...)

Outre l’utilité douteuse d’un tel sondage trois ans avant l’échéance, un détail a retenu l’attention : Valeurs actuelles et L’Opinion ont vendu ce sondage comme un « sondage confidentiel ». C’est-à-dire sans l’ensemble des informations essentielles qui permettent de comprendre la méthode, l’échantillon utilisé, ou même tout simplement le nom de l’entreprise de sondage qui en porte la responsabilité. Ipsos, un temps soupçonné, a démenti avoir réalisé le sondage, par la voix de son directeur général délégué Brice Teinturier : « La réalité est très simple : nous n’avons pas fait ce sondage. Et je ne sais pas qui l’a réalisé. La seule façon de démentir la rumeur est maintenant que Valeurs actuelles publie le rapport d’enquête ». (...)

Comme le souligne l’Observatoire des sondages, la Commission des sondages a donc convoqué les représentants des deux journaux, « qui n’ont pas été en mesure de lui fournir d’informations relatives à ce sondage électoral », et conclu à « l’absence de tout élément permettant d’établir, de manière certaine, l’existence de ce sondage électoral ». Des représentants de l’UMP ont en outre démenti l’existence du sondage.

Les deux titres ont donc, en réalité, « commenté » les résultats d’un sondage dont ils sont incapables de démontrer l’existence et dont le supposé commanditaire et le supposé responsable démentent avoir connaissance. Ça, c’est de l’information ! (...)

Ou quand la misère du journalisme sondagier rencontre la misère de la quête du faux scoop, dans le seul but de faire du buzz à propos d’une échéance électorale qui aura lieu… dans trois ans. Bientôt dans vos kiosques : les commentaires d’un journaliste, anonyme, à propos des déclarations d’un homme politique, qui préfère ne pas dévoiler son nom, au sujet d’un sondage, dont l’existence n’est pas démontrée, concernant la popularité d’un candidat, dont on taira l’identité, à une élection, qu’on préfère ne pas mentionner.


En résumé, Valeurs actuelles et L’Opinion ont sciemment publié un faux sondage
(...)

Même pas un mea culpa, en somme, ce qui confirme que cette grossière manipulation médiatique jette une lumière crue sur l’état de la déontologie de certaines rédactions et sur les ravages de la folie sondagière. (...)

PS : Le 9 septembre, Raymond Avrillier, ancien élu grenoblois, a décidé de saisir le Conseil d’État à propos du sondage en question, demandant que Valeurs actuelles et L’Opinion « [publient] la mise au point de la commission des sondages avec un titre en aussi gros caractère que leur faux sondage ». L’Observatoire des sondages a décidé d’appuyer sa demande. Affaire à suivre...