
Depuis le début de l’année, près de 1500 réfugiés, exilés ou migrants sont arrivés à Briançon en provenance de l’Italie en passant par les cols alentour. Près de 60% d’entre eux sont des mineurs non accompagnés (MNA).
Cet épisode est-il anecdotique ? Tous les témoignages recueillis et observations faites durant ce reportage semblent prouver le contraire.
L’hiver n’arrête pas les candidats au passage clandestin en France rendu de plus en plus dangereux avec le froid et les premières neiges déjà tombées sur les cols qui séparent la France de l’Italie autour de Briançon.
Certains se retrouvent dans le village de Névache, dans la vallée de la Clarée, au nord de Briançon. Pour y parvenir, ils ont franchi des cols, notamment le col de l’Echelle, à 1762 mètres d’altitude. Au péril de leur vie, avec souvent une simple veste, des baskets, et rien à manger. Ces migrants africains souffrent de gelures, d’hypothermie, de lésions, il y a eu des amputations. "Ils sont en très mauvais état, alors on les retape", explique Bernard, un retraité qui leur porte secours, "des hommes, même parfois des femmes enceintes, qui ne sont pas en état de continuer leur route". Impossible de fermer les yeux pour le maire divers droite de Névache, Jean Louis-Chevalier :
On est confronté au passage des migrants en permanence sur notre commune. Il faut que les gens soient bien conscients que nous restons un pays d’accueil, le maire étant responsable de la sécurité sur sa commune, ne peut pas ignorer les dangers que vont courir tous ces gens.
Une cabane de berger, tout en haut du col de l’Echelle, a été aménagée par des habitants, avec quelques couvertures pour que les migrants de passage puissent se réchauffer. "On a mis cela en place pour éviter des morts", raconte Alain, accompagnateur de montagne à la retraite. "Le problème que l’on a ici, c’est que les personnes qui arrivent d’Italie ne savent pas qu’elles vont être confrontées à un milieu très difficile. On a eu des nuits à moins 24 degrés. Cela peut devenir extrêmement dangereux." (...)
Une solidarité montagnarde qui n’est pas du goût de tous dans la vallée. Certains dénoncent ceux qui ont accueillis des exilés chez eux, ceux qui ont accompagné en voiture des réfugiés à Briançon. Les forces de l’ordre sont très présentes dans la région, des barrages sont dressés régulièrement. (...)
Dans le cadre de ce reportage, Raphaël Krafft a pu constater qu’en l’espace de 24h, au moins six de ces enfants avaient été notifiés d’un refus d’entrée sur le territoire français et abandonnés de nuit à la borne frontière dans la montagne par des températures négatives. Ils ont eu pour unique injonction des forces de l’ordre françaises de marcher seuls vers l’Italie. (...)